Aux plans d'un architecte proche du Prince, un magnifique bâtiment fut façonné en leur vision, arches et colonnes décorées d'innombrables drapeaux et draperies, murs parsemés de pigments aux couleurs tape-à-l'œil dans l'unique but d'happer le regard pour s'y intéresser de plus prêt. Au delà des fondations arrachées aux sols par la magie de Theles, nombre d'artistes furent invités tant à faire partie de ce cabaret qu'à le personnaliser, faisant de chaque regard porté sur l'édifice toute une expérience aux arts, des gravures aux sculptures, des tableaux aux soieries, et parlons en de ces dernières; issues des meilleurs tisserands de l'Oasis, leur métier révéré à travers le monde à juste titre pour leurs galeries à faire pâlir des orfèvres. Toutes les échoppes, toutes les caravanes et yourtes de la région se vantaient d'en être décorés, mais ici, l'abondance dépassait tout ce qui pu être vu au cœur de Qalish. Du sol au plafond, l'intérieur du cabaret s'habillait des meilleures fournitures, des plus flagrantes couleurs et lumières, en bref, il était devenu le lieu idéal où s'échouaient amants et aimants pour un bout de charme comme une lune de miel, commerciaux et nobles négociants des marchés dans la meilleure ambiance, ainsi que de nombreux invités de prestige. Pourtant, quand les meilleures loges étaient réservées à ceux dont les moyens ou l'inclinaison artistique méritaient tel traitement, d'autres catégories plus discrètes et abordables se présentaient au reste du peuple, toutes deux dans l'ombre des premières, surélevées par rapport à la scène. Ces sièges populaires accommodaient sur le centre la populace ordinaire, tandis que sur les côtés, esclaves et servants pouvaient assister en moindre nombre et gratuitement aux prestations, dans la mesure que leur présence fut autorisée par leurs maîtres sinon ceux des lieux.
Dans le grand hall qui servait d'entrée à ce bâtiment, nombreux guichetiers, danseurs et chanteurs, orientaient des personnalités hétérogènes vers leurs loges attitrées, bien que les esclaves avaient eux une entrée à l'écart pour ne pas indisposer la bienséance. Même lorsqu'il n'y avait pas séance, on pouvait voir de nombreux individus transiter ici, s'y trouvant l'un des accès au collège de l'internat mitoyen.

Ce soir, une compagnie d'acrobates  présentaient leurs voltiges élaborées sur une ambiance musicale trépidante et pleine de tension, des athlètes couverts de fourrure comme d'écailles déroulant leurs cœurs et espoirs, saisissant les yeux des spectateurs et forçant dans ceux-ci nombreuses esclaffes tant nerveuses que réjouies lorsqu'ils se rattrapaient, ou même parfois feintaient de se manquer en plein vol du bout des doigts pour s'accrocher aux cerceaux et barres suspendues de leurs caudales animales. Leurs identités se cachaient derrières rubans et voiles colorés, lancés en volutes lors de leurs pirouettes et hypnotisant de leurs charmes prononcés.

Captivé, Theles levait sa coupe au salut de la troupe lorsqu'il ne leur offrait pas distinction d'un geste digne de main, car lui aussi n'avait d'yeux que pour eux en l'instant, inspiré par leur performance comme le serait toute âme ouverte au monde. Il était seul dans une loge surplombant même les estrades, cabines et loges des plus riches. Il arrivait qu'il soit accompagné d'amis proches, de parents comme d'haut-dignitaires, mais le prince tenait à être présent pour la plupart des performances au risque d'être parfois solitaire. Bien sûr, il n'était jamais vraiment seul, car derrière les rideaux à l'entrée de son balcon siégeaient toujours deux de ses gardes royaux, refusant l'accès au Prince à la quasi-totalité des personnalités qui se présentaient là, bien qu'il arriva que des artistes tant prometteurs que glorieux parvenaient à assister aux spectacles à ses côtés, en l'échange bien évidemment d'offrandes matérielles ou autres. D'autres soldats assuraient la paix dans le cabaret à des points de passage comme les entrées, portes, les escaliers ainsi que les bars.

Finalement, l'émoi dans la salle fit place à des applaudissements assourdissants et chaleureux, quelques cris encourageants, empreints d'engouement; le rideau de scène s'abaisse et l'entracte est sonnée par les échines courbées en révérence des musiciens qui rejoignent les coulisses rapidement après.

L'occasion était spéciale aujourd'hui. Qui dit jour spécial, dit tenue qui va avec. Le grand guerrier avait mis au placard pour la soirée son armure fétiche, même celle d'apparat, il n'était pas l'heure aux démonstrations martiales. Ce soir il irait profiter de la nouvelle folie complète de la famille royale. Pendant que ses troupes pillaient en dehors des villes et que le peuple commençait à s'affamer, eux, construisaient de fastes et pompeux bâtiments, couverts de dorures et tissus en tout genre, tout ça pour montrer la richesses qu'ils gardent pour eux tels des dragons.

Mais saurait été hypocrite de sa part qu'il critique ouvertement le mouvement. Au final, le prince se transformait en mécène qui nourrissait les nombreux artistes et artisans qui occupaient le pays et leur permettait de vivre au moins décemment. Puis, entre nous, le luxe, ce n'était pas vraiment ce qu'il le dérangeait. Juste ce qu'il trouvait comme un manque de goût affligeant.

Mais l'heure n'était pas à ces considérations. Après un peu de khôl autour de ses yeux pour faire ressortir ceux-ci, un peu de fond de teint pour cacher ses cicatrices faciales, le petit roi s'habille d'une sobre tunique d'un bleu profond en plus d'un joli turban qui couvre ses cheveux mais pas ses oreilles félines, une petite dague caché dans son couvre chef. Ainsi, il ressemble un peu moins à un suspect guerrier recherché par la plupart des autorités mondiales. Juste un simple homme bête, un peu bourru, venu profiter des arts de la ville.

C'est ainsi qu'il rentrera dans le nouveau cabaret, avec presque aucune problématique en tête. Même s'il était presque incognito ici, il fallait rester prudent, surtout qu'il paraîtrait que le prince était en visite non loin d'ici, manquerait plus qu'il soit là, au même endroit au même moment.

Et c'est exactement ce qu'il se passe. Pendant l'entracte, quand les musiciens disparaissent sous les rideaux, les différents marchands de collations passant dans le public, l'homme félin se glisse hors du public. Il ne pouvait pas remarquer le doré prince entouré de ses brutes en hauteur, les regards curieux des spectateurs envers le balcon où il était situé de faisant que d'autant plus trahir la chose.




Dit Eren en face des gardes royaux qui bloquaient la voie. De son turban, il sort sa petite dague et commence à faire tournoyer celle-ci dans ses deux mains tour à tour, utilisant uniquement deux de ses doigts à tout instant pour se faire. Une prestation sûrement impressionnante mais qui ne manquera sûrement pas de rendre méfiant les gardes, heureusement, l'homme bête les rassures en rajoutant;





Dit-il d'un grand sourire à peine innocent. Il n'était pas malhonnête toutefois, il voulait juste approcher le prince de près, discuter avec lui et voir qui il était. Puis, en étant honnête, il voulait aussi mettre un coup de pression sur la famille royale. Une telle action ferait sûrement remuer la guêpière.

Une occasion qui tombait à pic. L'homme recherché se fondait dans une masse mouvante, les spectateurs profitaient de ce moment pour étirer leurs jambes, prendre l'air comme récupérer plats et boissons aux divers bars qui faisaient profit du moment. Les soldats en faction étaient plus occupés à surveiller cette foule qu'un seul homme, qui, de carrure singulière, arrivait à se fondre dans tous ces visages. Le Khan s'était fait discret en parvenant aux loges des élites, des artistes, mais un dernier étage le séparait de son objectif, gardé du pied par les écuyers de ceux qui en couvraient le sommet, mais ces premiers n'étaient pas là pour juger de la valeur des hommes qui se présentaient.
Chacune de ces marches de granite, couvertes d'un tapis bordeaux cloué de boutons de bronze, étaient un défi de plus relevé pour le seigneur des bandits. Son ascension vers les Lances Solaires était assurée, mais sa démarche n'était reconnue par la dernière ligne de sécurité, dont les armes en croix barrèrent son chemin. Les inflexibles le jugeaient en silence tandis qu'il présentait sa maîtrise au couteau, une arme qui pourrait aussi bien être du spectacle que capable d'égorger le récipient de leur protection.
Son attitude ne semblait convenir aux gardiens qui le fixaient droit dans les yeux, tel des statues divines mesurant le contenu de son âme dans les yeux pâles de l'homme qui n'était peut-être point si inconnu qu'il paraissait à première vue. Un long moment de silence de mort portaient une tension palpable entre les hommes, sous arrière-plan de vacarme des pas et des innombrables conversations de fond.
Puis vola entre les gardes une lame étincelante qui venait de quitter la poigne du prétendu artiste, se frayant un chemin entre les rideaux qui isolaient le prince de la vue, mais pas de ce qui fut dit. Comme s'il avait été lui-même spectateur, les lances s'éloignent tout comme ces voiles, présentant un balcon maintenant à l'ombre où deux rangées de sièges tenaient, deux en avant, quatre en arrière, les premiers d'une bien meilleure facture encore, plus dignes du séant du Prince, pourtant, il était maintenant assis sur l'un des seconds, à une extrémité, un bras tenant une corde tressée sur laquelle il avait tiré pour se révéler, autant que croiser le regard de l'inconnu. Survolant le creux de son autre main se trouvait la dague d'Eren, qui d'un geste l'invita à le rejoindre à l'autre opposé de cette rangée où se déplaça l'arme ensorcelée, atterrissant sur l'avant-dernier fauteuil.



Au bas des escaliers, les "écuyers", pourtant bien des soldats de métier, refermaient l'accès à l'escalier de leur corps, bien qu'ils montraient dos à l'ascension; ils ne seraient pas dérangés, mais tout cela ressemblait aussi bien à un piège qu'une entrevue privilégiée. Les honorables gardes royaux se séparent, l'un d'eux entrant dans la loge tandis que le second lorgne l'invité de circonstance, mais tous deux prendraient bien soin de guetter ses moindres gestes.

L'attendait assit le prince qui se gardait tourné vers là où l'homme-bête devait de s'asseoir, habillé à l'occasion d'une robe d'apparat en soie noire accentuée d'accessoires dorés, paraissant presque un juste au corps tant elle embrassait ses courbes. Le côté droit de ce vêtement était tissé en nombreuses pétales et feuilles dont les interstices révélaient la peau du prince, de son flanc droit jusqu'au pectoral au dessus, ainsi que tout son bras du même côté; le pan gauche se repliait par dessus son torse, serré d'une bande d'or nouée à sa hanche droite. Cette tunique descendait jusqu'à ses genoux en s'amincissant, révélant tout le long ses jambes étreintes d'une même soie noire, bien moins étroite. Bras croisés, le poing dextre du prince soutenait sa tête tandis que son regard scrutait l'invité dans l'expectative.



L'insouciance du prince se voulait protégée par l'inquisition silencieuse, encore permissive, mais se suspendant dans l'atmosphère telle une épée de Damoclès. Eren pourrait récupérer sa lame et faire prestation, si le risque en vaut la chandelle.

Le simple fait qu'il était encore en vie était incroyable pour Eren. Il venait de tenter l'approche la plus stupide jamais proposé, sans aucun plan au préalable et ça avait tout simplement marché. Lui qui redoutait tant que ses yeux albâtre puissent aisément le trahir, son déguisement était suffisant. Ou pas, mais il préférait rester positif dans un tel moment, car s'il tombait dans un piège la tête la première, c'était de toute façon trop tard pour lui.

Le prince était à portée de voix, alors que la dague dans sa main fuse à travers les rideaux de fin tissus, le Khan restant figé sur place quelques instants, laissant filer la lame de ses doigts sans broncher.
Se sentant quelque peu ahuri face à tant de surprises d'un coup, le bandit sous couverture obéit alors et se rapproche du prince, venant s'incliner devant lui avec un grand sourire, observant d'un coin de l'œil la dague enchantée qui virevolte en l'air juste à côté de lui.

C'était impressionnant, de voir le prince d'aussi près mais il ne fallait pas perdre toute sa contenance pour autant ni se transformer en groupie face à lui pour lui demander un autographe. Malgré la prestance de l'homme et la beauté de ses habits comparé à l'apparence de roturier d'Eren, les deux restaient égaux, surtout d'aussi près.

Le guerrier s'assoit enfin et se présente.




Ses dactyles viendront saisir la dague perdue auparavant, commençant à jouer avec celle-ci comme devant les gardes. Il déplace entre ses doigts avec agilité l'objet, regardant avec un air quelque peu prétentieux le prince, malgré le fait qu'il était en train de succomber à l'anxiété. Il sentait très bien l'épée de Damoclès au dessus de lui, une petite bêtise et elle s'abattait.

Ses billes blanches ne peuvent s'empêcher de tourner de temps à autres vers les gardes qui observent la scène, se demandant quand le joug royal allait enfin s'abattre.




La phrase se finit alors que la dague, précédemment lancée en l'air, retombe entre l'index et le majeur de l'artiste, la lame saisit de ses deux doigts avec agilité. Une superbe excuse pour tenter de fuir le plus loin possible des gardes, tout est bon pour retirer la menace qui plane au dessus de sa tête.

Rahim, ou du moins celui qui se présentait ainsi, bénéficiait en ce moment unique de l'attention exclusive du Prince, qui échangeait un regard curieux pour l'un de ceux qu'on dirait plein d'espoir, désireux d'être émerveillé par une démonstration d'excellence. Cette mire se plongeait tant dans les billes pâles de l'invité qu'à ses doigts dans la virevolte maîtrisée du coutelas. Theles se mit plus à l'aise encore, prélassé dans ce fauteuil en s'accoudant au dossier même, bien que tout son avant-bras s'appuyait contre le mobilier pour que seul son poignet s'angle hors de la verticale, amenant le dos de ses doigts contre et sous la pommette de l'humain. Il sourcilla.



Son air se voulait tout-à-coup plus inquisiteur, empreint de soupçons. Ce n'était pas la première fois qu'un individu lui avait fait l'éloge d'un spectacle qu'il ne maîtrisait pas, mais le doute subsistait dans l'inquiétude justifiée de l'homme-bête. À cet effet, une seconde chance allait se présenter au Khan incognito; le prince vissa son regard sur l'arme qui s'extriqua des doigts agiles pour retourner près du sorcier qui scinda l'objet d'un geste de l'index, traçant une ligne d'argent éphémère dans l'air en ce geste tandis que ses yeux se nimbaient d'une même nitescence. Le métal de cette dague se duplique et prolonge en deux lames grandissantes, devenant en l'espace de quelques secondes une paire de képesh sans le moindre tranchant. Malgré la transformation d'une plus petite masse, ces épées seraient d'un poids et solidité ordinaire tant que le Prince le jugerait utile, prêtant sa concentration à un nouvel essai. De cette même main, il poussa l'air et ces lames se rapprochèrent à nouveau de Rahim.



Ses mirettes n'étaient plus imbibées de ce don d'imposer sa volonté sur le métal, mais il continuait de petits gestes indolents de la main, princiers même, décrivant de délicats mouvements la loge qui se prêtait à la présence de six personnes ainsi que ses gardes. En éloignant le mobilier, il aurait plusieurs mètres dédiés à sa démonstration... Mais Theles jaugeait son invité avec moins de bienveillance, peut-être voyait-il à travers son déguisement ?

Et là, c'est la panique. Chaque proposition qui semblait absurde ou stupide aux yeux du guerrier était accepté avec flegme, normalité. C'était donc ça le monde des artistes ? Il aurait vraiment dû un peu plus écouter son peintre de cour au lieu de le tourmenter constamment, saurait pu lui être utile, se dit le Khan dans une telle situation. Il zieute, mourant à l'intérieur d'embarras en même temps, le sabre qui vient de se matérialiser en face de lui, son regard complètement rogue. Mais avait-il vraiment le choix ? Pas du tout.

D'un pas sûre, d'une poigne tout aussi confiante, l'épéiste saisit son instrument fétiche. Il ne fallait juste, pas penser. Comme au combat, en pleine mêlée, il fallait laisser son corps parler à sa place, faire glisser chaque mouvement organiquement, utiliser tout son corps, pas seulement sa lame. Suffirait-t-il de combattre et de pourfendre le vent alors ? Pas vraiment, le style de combat du guerrier n'était pas vraiment grâcieux à proprement parler, plus du genre à briser les os et les espoirs de ses adversaires plutôt que les charmer.

Le déclic se fait enfin. Son poing se referme sur la garde de sa lame en même temps que ses paupières pour qu'il puisse prendre une longue et lente inspiration.

Non loin de ses hanches, son œil pyro commence à s'illuminer à travers le tissu noir. Quelque chose de discret, mais pour peu longtemps, les yeux albâtres commençant eux aussi à s'embraser lentement au fur et à mesure qu'il se recule, ne voulant pas brûler le prince avec ce qu'il s'apprêtait à se passer.

Un tourbillon de flamme commence à entourer le maître-lame qui relève légèrement sa jambe gauche pour la caler contre sa droite, en équilibre. En même temps que l'ardente tornade commence à s'activer, son corps commence à tournoyer, seul son sabre sortant des flammes qui l'entourent. Malgré les deux mètres de distance prit, de son fauteuil, le sang bleu peut sentir la chaleur venir lécher sa peau hâlé de plus en plus, jusqu'au paroxysme de sa vitesse. Il brise les flammes, celle-ci semblant venir s'accrocher tout du long de sa lame, comme si l'acier s'était transformé en feu pur.

Alors commence la danse, le sabre venant virevolter dans tout les sens. Qu'il le lance en l'air, le fasse rouler entre ses dactyles ou enchaîne de lent et grâcieux mouvement, tout semble fluide dans ses mouvements. Ce n'est pas forcément du grand art ou de la dance, mais la lame qui lèche et réchauffe l'air en face du suzerain à en devenir, à chaque passage, laissant des petites braises sur sa traînée, donne une dimension déjà bien plus impressionnante au spectacle. Et pour couronner le tout, le sabre vient d'un coup de poignet horizontal faire s'envoler le turban qui couvrait sa tête, faisant s'embraser le couvre chef juste en face de lui, le pauvre bout de tissu retombant lentement au sol avant de ne devenir que cendre.

Le spectacle fini, l'artiste incline son buste vers ce qui lui sert de public, sa chevelure d'ébène maintenant libre retombant sur son visage, cachant ses yeux ardents qui observent avec anxiété à travers le rideau de cheveux la réaction à venir. Avec la chaleur et les efforts fait, Eren suait à grosse goûte. Et avec ça, le maquillage qui cachait ses cicatrices si reconnaissable tombait à chaque goûte qui perlait sur son visage.

Face aux précautions du Prince qui semblaient bien inadéquates, les Lances Solaires firent le choix de se replacer lorsque fut donnée une arme au Maître des Lames, l'un d'eux se tenant aux côtés de l'héritier, sa lance ouvragée culminant un peu au dessus de ce dernier, mais orienté vers Rahim. L'autre prit un peu plus de distance, demeurant au flanc du danseur enflammé. De son dos, il repoussait également les précieux tissus qui isolaient la loge du reste du public, empêchant à quelques braises volatiles de démarrer une fournaise. Le mobilier fut un peu plus dégagé d'un geste de main du sorcier les balayant vers les extrémités de la loge, mais aussi en travers de l'entrée, encombrant l'idéal point de fuite et s'il en fallait un, la chute vers une loge au dessous serait la moins dangereuses des alternatives.

Une valse haute en couleur et chaleur qui captivait le regard de tous ici faisait rage de cette maîtrise cruelle et violente de la lame comme de la pyromancie, mais en présence d'une garde personnelle soucieuse, le Prince lui laissait paraître un amusement indéniable, associant les pivots et bruits de pas de l'homme-bête avec le rythme d'applaudissements motivants. Theles souriait en coin d'un air qui n'était pas d'émerveillement, mais de satisfaction, de gratification.

Plutôt qu'une ovation, le guerrier homme-bête observera ses prestigieux spectateurs le mesurer avec méfiance, les mains des soldats d'élites crispées sur leurs armes. Il pouvait voir son reflet dans le plat de la vouge qui lui interdisait d'approcher l'héritier. Il était à l'Oasis, où son physique et ses yeux faisaient déjà sourciller, révéler ses traits dissimulés ne faisait que cocher davantage les descriptions du plus infâme scélérat de la région. La lame dans sa main devenait bien légère, au risque de fondre avec la chaleur accumulée en son sein; l'ensorcellement s'était estompé, faisant de ces képesh des armes fragiles et inadaptées. D'un geste de main, un autre sort fit glisser sur le sol un fauteuil jusqu'aux côtés du Khan.



Balayant l'air d'une main, il appelait à ses gardes de ne pas sauter sur l'occasion. Son contrôle sur eux ne tenait que du respect qu'ils avaient du Prince et ses projets, en d'autres circonstances, leur devoir leur sommait de neutraliser une telle menace, même s'il se pourrait qu'il ne s'agisse pas du réel criminel. Les vies étaient en jeu à ce moment, tant celles des privilégiés de cette loge que le peuple au dessous, car de telles flammes pourraient se répandre dans le cabaret en cas de duel.



Le regard reptilien de Theles fixait dans l'expectative l'individu dont il avait la certitude était ce renégat du désert, cette canaille qui filait entre les doigts des guerriers du Rassemblement comme des soldats de la Dynastie, même ceux de l'ex-dirigeante des Bat-le-Désert ne l'avaient encore strangulé. Au summum des tensions, il lui offrait malgré tout sa grâce, en l'échange d'explications séance tenante.

Sans plus réfléchir, Eren se jette dans le fauteuil qui vient de lui être apporté par magie, haletant encore légèrement de sa performance plutôt fatigante, que ce soit de stress ou autre. De sa dextre, il jette les cheveux qui couvraient son visage en arrière pour montrer sa gueule couverte de cicatrice, un long sourire emplit de fierté sur ses lèvres en prime. Maintenant qu'il était découvert, si le prince voulait vraiment le tuer, il l'aurait fait tout de suite. Celui-ci devait savoir que ce n'était qu'une discussion amicale, très amicale.




Dit-il en gloussant un peu. Un jour quand même, ce maudit espion paiera. L'avertissement, le larcin dans sa tente et lui dire d'aller parler au prince, comme si c'était chose aisé. Avec tout le stress accumulé sur le chemin, le Khan était presque sûre d'avoir attrapé des cheveux blancs. D'ailleurs, cette mèche est un peu trop claire à son goût, voir un peu trop blanche... Il arrache la maudite mèche et reprend;




Et il était honnête. Si il pouvait ne pas affronter le prince, ce ne serait que mieux. Il était sans doute puissant et le combat serait beaucoup trop serré au goût d'Eren, qui ne pourrait pas profiter d'un combat amusant avec sa cible. Un manieur de magie, à distance, qu'elle horreur pour lui ! Autant éviter tout conflit.

Surtout que maintenant que le maître espion était passé sans aucun soucis dans sa tente, le Khan ne dormait que d'un œil ouvert, rentrer en conflit avec le Prince c'était s'attirer l'ire de l'agile elfe, qui pourrait tenter toutes sortes de choses pour abattre le roi des pillards, si il ne devient pas complètement paranoïaque du simple fait que celui-ci pourrait l'avoir à n'importe quel moment, n'importe où.




Avec un grand sourire avenant, sans quitter son siège où il est si bien installé, le guerrier tend sa main calleuse et couverte des affres de la guerre vers la délicate main du sang bleu.

Affirmant son identité, le Khan s'assurait d'être dans une situation désastreuse si le Prince ne partageait ses idéaux. Ce dernier avait dit vrai, les soldats qui les entourent ne sont pas les siens et ils s'énervent des propos évoqués. Le simple fait d'écouter des plans révolutionnaires les rendraient parjures s'ils n'agissaient pas; l'homme-bête ne souhaitait pas seulement créer le chaos, il voulait conquérir les humains. Alerte et méfiant, l'Héritier leva sa senestre au signe d'arrêt, étendant la période de grâce mais pour combien de temps encore; à chaque mot révoltant, son autorité sur eux s'effritait.



Il soupira, dodelinant du chef avant de reposer une main sur l'assise de son fauteuil et se relever, repositionnant bien le mobilier sur sa marque par défaut de perfectionniste avant de se tourner tout entier vers le Khan, qu'il approche d'un pas en soulevant du bout des doigts la vouge du gardien le plus proche, visant l'ambitieux félin d'un même regard mauvais alors qu'ils ne se trouvaient plus qu'à un peu plus de deux mètres l'un de l'autre. Les porte-lances flottent sur leurs appuis, tenant en respect le guerrier d'infamie. Ainsi droit, son œil divin était visible à la hanche, scintillant finement d'un aspect tant ambre qu'argenté qui traversait la soie sensée le dissimuler.



Sa gestuelle même refusait de marcher dans les pas du Khan, provoquant au sein du prince une colère discrète qui s'exprimait dans de gestes théâtraux plus tranchants que d'autres. Après avoir fendu le vent d'une main pour réfuter le destin même du guerrier, comme s'il en coupait les fils, ses mains s'embrasent de flammes peu intenses, elles ne chauffaient même pas les mains divines. Dans le rayonnement de ces danseuses d'un jaune aux reflets rougeâtres, on sentant dans l'une le bout d'une vie sanglante et l'autre le service d'une âme au regard des dieux. Des phantasmes mineurs qui évoquaient là les plans d'un Prince prévoyant une place pour le Khan.


Fermant la poigne dans laquelle la mort était présagée, la flamme d'ambition du prince s'éteignit également, mais cette même main se leva gracieusement vers le Khan; il ne lui proposait pas une poignée de main, non, il tenait son visage entre ses doigts dans sa propre perspective. Ses yeux étaient différents, examinant son antagoniste tel une pierre précieuse qu'il pourrait bientôt contempler de plus près que cela. Ses plans demeuraient très flous, évasif, il ne les exposerait qu'à l'ouïe attentive d'un être acquiesçant à ses revendications.

La main du Khan se baisse lentement en même temps qu'il lâche un long soupire, visiblement, le prince ne veut pas lui serrer la patte. Il se redresse légèrement sur son siège, se râcle la gorge et écoute attentivement chaque parole du prince tout en guettant sa gestuelle. Du début à la fin, Eren reste consterné, affligé même. Est-ce là l'image qu'on avait de lui et de ses idéaux ? Le fait d'être un pillard sanguinaire ne devait pas aider mais, c'était donc là toute la cause de l'hostilité. Il allait devoir changer de cible.




Il adorait le combat, l'adrénaline et accumuler des richesses mais le pillage ? Pas plus que ça. C'était comme il l'avait dit, un moyen de survie pour lui et sa tribu, ce n'était pas pour rien qu'il essayait d'étendre ses tentacules à travers les pays pour revendre de la contrebande, tout était bon pour arrêter ce pillage. Notamment la prise du royaume.




Dit-il presque sur le ton de l'humour, mais c'était vrai. Pour d'autres, le chaos était peut-être une façon d'engranger encore plus de bénéfice mais pour lui, c'était l'inverse. Plus le royaume était stable, plus les richesses affluaient, même pour les pillages. Qui irait commercer avec un pays constamment en flamme ? Qu'est-ce qu'il y aurait à piller alors ? Rien. Mais qu'importe, car, sans les Bat-le-désert pour garder toute l'attention, les autres bandits du désert auraient du mal à tenir le coup.




Pendant son discours, il s'était relevé de son fauteuil pour mettre un genou à terre. Une main sur le cœur, un ton et un regard solennel, on aurait presque dit un adoubement ou autre mais, c'était simplement le baroud d'honneur du Khan, si il n'arrivait pas à le convaincre maintenant, c'était fichu.

Il ne laisserait pas apprécier que son sentiment de malaise retombe légèrement, contractant ses émotions pour ne transparaître encore que sa majesté inquisitrice. Depuis que le Khan s'était dressé et, en quelque sorte, agenouillé, ils étaient encore plus proches l'un de l'autres et les gardes royaux mesuraient tant le criminel que le prince. Allaient-ils commettre tout deux le lèse-majesté ? La main du prince s'abaissa mais ne rejoignit pas encore son flanc, tourné comme pour cette fois évoquer une proposition plus amicale, une main tendue pour l'inviter à se relever. Il s'agissait tant d'un échange de respect que d'une balance des méfiances dans les partages à venir; l'adepte des flammes pouvait encore percevoir et sentir l'action latente des pouvoirs de Theles, ainsi que de son œil divin... Que fabriquait-il depuis quelques moments ?



Que le chef du désert se soit saisit de cette main ou non, l'autre dirige les regards vers la scène où le rideau s'était allongé, la suite du spectacle ne saurait tarder en l'annonce d'un maître de cérémonie et les spectateurs commençaient à retourner à leurs sièges, insouciants de ce qu'il se passait maintenant à l'étage princier. Un silence allait presque naître si ce n'était pour les quelques musiciens qui reprirent sur une douce ambiance pour captiver l'audience.



Le Prince audacieux fit un pas de plus vers le dangereux criminel, se rapprochant tant que les gardes eux-mêmes étaient dans l'impéritie de frapper s'il le fallait; ils ne se risqueraient pas à blesser l'héritier sans que le Pharaon n'en donne l'ordre explicite. Ils demeuraient à cran. Theles n'aurait relâchée la main du Khan, qu'il tiendrait par le dessous, faisant contraste d'une peau fine et parfumée au cuir d'un guerrier invétéré, les dactyles princiers effleurant la base de l'autre paume alors qu'il supportait un regard dans les yeux pâles du plus grand.



Cette fois, il lui présente aussi son autre main, avançant ses propositions avec une expression de confiance; saisir les deux mains d'un mage au corps bien trop esthétique pour valoir une puissance physique sur un individu tel que le Khan, qui, s'il ne partageait les idées ou façons de l'héritier, pourrait peut-être bien le briser entre ses bras. Theles était prêt à prendre le risque; il avait sincèrement besoin de lui.

Il semblerait que le Prince, même par bonté et amour pour son peuple ne suivrait pas aveuglément Eren dans sa croisade contre l'injustice et la pauvreté comme ça. C'était à s'y attendre mais au moins, ses mots n'étaient pas tombés dans une oreille sourde. Son but, sa cible était maintenant clair aux yeux du prince qui demandait même l'aide d'Eren pour le suivre, sous la bannière du Prince évidemment. Lui aussi avait bien besoin de l'autre. Sans pousser de long soupire de lassitude, même si l'envie était là, Eren prend avec tendresse la main du roi, puis l'autre quand elle se présente, serrant légèrement celles-ci tout en se relevant.

Faire preuve de pragmatisme. Oui, c'est ce qu'il faut faire, se dit intérieurement le suzerain du désert. Ce n'était pas le mieux mais, travailler avec le prince pourrait lui donner quelques opportunités, bien qu'il déteste faire ça. Il n'avait pas le choix, il fallait mettre ses rancunes de côté et faire preuve de ce fichu pragmatisme. Enfin, vu le partage de valeurs, ça ne devrait pas être très difficile. Un sincère sourire apparaît sur les lèvres d'Eren.




Ironise-t-il, avant de continuer.




Car oui, combattre contre des guerriers et non contre des villageois sans défense, c'était une tout autre affaire. Il fallait bien plus investir, s'attendre à des pertes plus importantes et tout ce qui s'en suit. Les pillards n'allaient pas accepter de jouer la police contre une bouchée de pains et un pain en pleine tronche.




Eren était un peu trop agité en ce moment. Bruyant. Ses mouvements sur l'échiquier politique et militaire commençaient à être visibles de tous et surtout de ce qu'il jugeait être la plus grande menace à son existence et à ses rêves, sa mentor, à la tête d'une troupe d'élite d'homme-bête, du genre à pouvoir infliger de sévères dégâts, même aux cavaliers les plus puissants des Bat-le-désert.




Ses lèvres viennent offrir un tendre baise-main aux deux mains du sang bleu, le sourire précédemment apparu étant toujours là. Le Khan, si avide de liberté et d'être à la tête de tout, contrôler chaque aspect, plie le genou devant la famille némésis des Hasis. Un plan était en route, c'est sûre, quelque chose de beaucoup plus insidieux qu'il n'y parait. Pourtant, dans ses paroles, le pillard avait l'air sincère, presque enthousiaste de se remettre au boulot.

Les gardes n'en revenaient pas, ces silhouettes qui paraissaient s'assembler tel un couple était l'aversion incarnée de leurs principes. Mais ils écoutaient aussi attentivement qu'ils examinaient le Khan; s'il ne leur était possible de frapper, ils étaient en capacité de répondre de la situation devant qui de droit. Ils ne manqueraient pas l'occasion, ce qui apporterait encore une fois un regard lourd d'aprioris sur le Prince, celui du Pharaon. Ils se garderaient jusqu'alors de faire entendre leur mécontentement.



Aussi bien considérait-il les manières de l'homme-bête, il sentait que ce dernier ne pouvait pas davantage tendre le bras; le Prince prenait, et prenait encore, et à son ton on croirait qu'il n'allait rien lui rendre, pas plus que ses promesses d'avant. Il le tenait en haleine du bout de ses doigts, l'invitant à se relever en évadant sa dextre pour reposer la pulpe de ses doigts sous le menton du guerrier, l'ongle de son pouce flirtant avec la lèvre inférieure. Theles le considérait-il égal ? Leurs corps, eux, ne l'étaient pas, le Khan éclipsait le prince sous toutes coutures, malgré tout le jeune sorcier demeurait droit, imperturbable.



Cette main fera patienter le visage d'Eren son retour, s'infiltrant momentanément dans le vêtement du prince pour y récupérer un mouchoir damassé avec lequel il épongerait la sueur et l'écoulement cosmétique au portait du guerrier, révélant un peu plus son visage en ternissant le linge. Inclinant sa tête, le prince imprimait à sa rétine l'aspect du Khan, affichant enfin un sourire contrastant avec la situation tant il était doux... Mais bref. Il fit signe de patienter après lui avoir confié ce bout de soie décoloré, suite à quoi il pivote pour en quelques pas se rapprocher du fauteuil sur lequel il avait réellement assisté à la séance, l'un des deux plus ornés d'or et d'arabesques. Une pochette s'y trouvait et, revenant vers l'enfant du désert avec, il s'armait de son contenu, notamment une palette de pigments dont il mélangeait sur un plateau adjacent certains avec un pinceau à poudre.



Il avait concoté le fond de teint adéquat, levant le pinceau pour effacer ce visage de scélérat sous une couche de fausse-modestie, camouflant les cicatrices. Dans cet étuis de maquillage se trouvait également une autre poudre d'un noir profond, qu'il appliquait ensuite avec un pinceau plus fin trempé dans un minuscule flacon d'huile sur les paupières et contours des yeux pâles du Khan pour remettre de l'ordre dans son maquillage. C'était une main de maître, le Prince savait embellir chaque minois et surtout le sien.

De nouveau, le bon roi du désert se trouvait complètement décontenancé devant le prince du royaume. Devant ces gardes assoiffés de sang, qui n'obéirait pas à sa parole si jamais ils décidaient de s'abattre sur lui, le nobliaud était en train de manipuler dans tout les sens le guerrier balafré, qui se laissait évidemment faire. Le dos droit et le menton légèrement relevé, une allure fière devant Theles.

Sous les doigts délicats de l'héritier, la peau rugueuse, tannée par le soleil du guerrier, couverte de blancs cratères qui sillonnent son cuir. Sur ce visage si hostile au touché, seules ses lèvres restent douces, un vestige d'un corps autrefois vierge de tout combat, de tout effort et surtout intouché par cet impitoyable soleil.

Ses oreilles félines s'agitent doucement, attentives aux paroles du Prince. Ce qu'il entendait lui plaisait, malgré l'humiliation qu'il s'était fait subir à soi-même. Plier ainsi le genou n'allait pas être apprécié à la maison, fort heureusement que tout découlait d'un plus grand plan, qu'il allait pouvoir laver cet affront fait au clan. Et tout en réfléchissant à ces histoires d'honneur, de futur combat et autre, Eren aidait le Prince à le pomponner, orientant son minois dans n'importe qu'elle direction si besoin. En un rien de temps, le visage de guerrier redevient d'apparence uniquement doux et lisse, ne faisant même pas la tête comme son bienfaiteur aurait pu le dire. Il était seulement en pleine réflexion, habitué à ce qu'on le maquille ainsi.




Dit-il, sans aucune ironie dans sa voix. Autant profiter du moment, il pourrait être rare voir unique à vivre, de tels moments étaient si rare dans une vie tout aussi violente qu'elle était mouvementée. Surtout quand un rien de temps, le visage du Khan était embellit grâce à un subtil mélange de fond de teint et de khôl, donnant un air bien plus juvénile qu'à l'accoutumé. De face, uniquement incontestablement vu le corps démesuré en dessous, il avait l'air du beau jeune homme d'antan, de quoi lui donner un peu de nostalgie à coup sûr.




Une once de tristesse pouvait se sentir dans sa voix, aussi mal dissimulée que possible. Indéniablement, il rêvait d'une vie bien plus douce, comme tout ceux qui ont grandis dans la violence et qui gardent un semblant de goût pour la vie. Il aimait bien les arts graphiques après tout, une vie de peintre n'aurait pas été trop fantaisiste, si seulement il n'était pas né dans une peau de bête au milieu du sable.

Cette pochette dans laquelle Theles récupérait ces instruments de beauté s'était habilement retrouvée coincée au flanc du jeune homme, près d'où était supposément dissimulé son œil divin, fixé là par cette ceinture de soie mordorée. Les mains libres à l'usage, il n'hésitait pas un instant à faire se mouvoir le minois guerrier. même légèrement étirer sa peau pour parfaitement couvrir les empreintes de guerre que ne pas manquer une once de ses paupières, sécurisant même davantage ses yeux pour ne pas y verser de khôl. Il se pencha même vers lui pour vérifier avec attention qu'aucun amas ne gênerait le clignement des yeux pâles, offrant l'occasion au Khan d'inspirer une fragrance d'abord prenante puis sucrée, florale et fraîche. Le déguisement était fin prêt et d'un regard insistant, les deux pinceaux employés se sont séchés et nettoyés avant d'être rangés, la pochette se referme.



Se tournant vers la sortie, ses mains ses croisent avant de s'éloigner lentement l'une de l'autre et enfin se rapprochent de son corps. Il avait replanté son regard sur le Khan, sa tête faiblement tournée vers lui. Répondant à l'incantation, les fauteuils se déplacent au gré des gestes, se dispersant après s'être redressés pour ensuite reprendre leur position initiale, un fauteuil devenant inerte entre le Prince et le Guerrier.



Retournant son être devers son interlocuteur, il regardait de nouveau les deux lances solaires, ajoutant sur la tension qu'ils ressentaient l'animosité implicite du Prince, elle bouillonnait derrière ses iris de miel solaire. D'un geste de main, il invitait l'intrus à prendre le chemin du retour, sinon la fuite.