Une fois de plus, le vent souffle dans le désert, un vent jeune, énergique, une brise qui pourrait se transformer en ouragan si elle n’est pas surveillée et qui peut autant présager un simple et agréable rafraîchissement qu’une tempête meurtrière de sable.

Ce vent a commencé à souffler il y a environ 7 heures, lorsque Vayu est arrivé à l’oasis, aujourd'hui encore dans une mission d’escorte. Son travail consistait à guider un marchand de thé et d’épices en ville pour y apporter ces merveilles valant plus cher que la vie de certains…

La mission fut des plus paisibles, seule la distance était longue et la route plutôt sûre, certes quelques bandits avaient eu l’idée de chercher des noises mais rien de dangereux pour le jeune apprenti héros et son poing d’acier. Ainsi donc c’est plutôt ennuyé que Vayu circulait sur la grande place aidant son client à transporter les lourds sacs d’épices vers son étal quand il entendit un bruit d’annonce, il n’avait jamais entendu ces lourds sons qui lui paraissaient pour l’instant sans véritables intérêts, après tout si des musiciens désiraient jouer dans la rue pendant 5 secondes il n’allait pas les empêcher, aussi continua-t-il à marcher en ramassant un sac entièrement concentré sur ce qu’il faisait il ne se doutait donc pas de la catastrophe qui l’attendait…

Alors qu’il avait sur l’épaule un énorme sac de piment séché en poudre, Vayu sentit son instinct lui dire de faire attention, il eut un mouvement de recul mais ne put éviter le bout d’une bourrade du bras d’un des gardes qui venait d’entrer dans la ruelle, l’envoyant rouler sur le coup par surprise et faisant tomber le sac de piment par terre. Vayu n’en revenait pas, voilà que maintenant on le brutalisait en plein travail, il n'avait pas prêté attention au garde mais une chose était sûre : il ne comptait pas laisser passer ça surtout qu'au vu du sac abîmé il venait de perdre la paye d’au moins deux contrats !

Se redressant et s’essuyant de la poussière sur ses vêtements, il s’avança vers le type sans prêter attention au reste, le pointant du doigt :

"TOI ESPÈCE DE GORILLE SURDIMENSIONNÉ DES BISCOTOS ET ATROPHIÉ DU CERVEAU ! J’AI VU DES BRUTOVIANDUS AVEC UNE LUEUR D’INTELLIGENCE DANS LE REGARD PLUS VIVE QUE LA TIENNE ! REMARQUE VU TON MANQUE DE MANIÈRES ET TON ODEUR, VOUS DEVIEZ ÊTRE DE LA MÊME FAMILLE ! D’OÙ TU ME POUSSES COMME ÇA ESPÈCE DE TÊTE DE…."


Il n’a pas eu le temps de finir sa phrase qu’un autre coup partit vers lui, cependant cette fois-ci fut différente. Vayu avait appliqué une des règles de son grand-père : forcer l’action pour contrôler la réaction et si le garde furieux n’avait pas décidé d'approcher Vayu frontalement en le chargeant, il aurait vu que le gringalet avait renforcé ses appuis au sol et que le sac était non loin de lui bien ouvert… À l’instant où la lance solaire tenta de le frapper sans doute décidé à corriger cet avorton, Vayu créa un courant d’air qui projeta le piment en poudre dans les yeux du garde, produisant un hurlement de douleur qui fut tout de suite interrompu par trois coups de poing au foie vifs comme l’éclair. Aveugle et groggy, le garde tenta bien de frapper le garçon pour s'apercevoir qu’il n'avait frappé que du vent, vent qui reprenait déjà forme humaine pour profiter de la force de son adversaire et lui envoyer un contre au menton avant de reculer, sautillant dans cette garde si particulière à un boxeur alors qu'il regardait son adversaire avec un sourire, se fichant royalement du chaos créé… Ça y est, son instinct enfantin de bagarreur avait pris le dessus…