L'Oasis de Shamedar était un endroit fort intéressant. Dante aurait bien aimé y emmener son petit frère, mais il était évident à l'heure actuelle que le prince héritier serait sous haute surveillance, depuis que le monde entier savait qu'il était détenteur d'un Œil Divin Astro, l'unique actuellement d'ailleurs.

Dante se retrouvait donc seul ici. Bien évidemment, le prince, aussi bâtard soit-il, ne pouvait impunément prétendre se rendre ici sans escorte. Sauf qu'à la base, il devait se rendre à Mizutsune pour échanger avec le gouverneur de cette autocratie. Certains différends ayant eu lieu, il s'était donc retrouvé sans tâche à accomplir et avec un trou dans son emploi du temps de presque deux semaines. Abusant de son autorité, il avait congédié les gardes avec de gracieuses vacances d'une durée équivalente, et il avait profité pour se trouver un passeur jusqu'à l'Oasis. Il ne manquait pas de moyens pour convaincre le plus rapide d'entre eux, et il était finalement arrivé à sa destination.

Sur ces terres, personne ne le connaissait, et encore heureux, car s'il était reconnu, il était certain qu'on le convoquerait immédiatement auprès du Pharaon Atra-Hasis II. Son père entretenait une très bonne relation avec cette femme qui semblait au pouvoir depuis une éternité.
Dante en venait presque à se demander s'il ne venait pas d'elle ou quelque chose du genre.
Il trouvait son père bien trop populaire avec les femmes éminentes de ce monde, et pourtant, il n'y avait que lui et son petit frère.
Il avait réfléchi mille fois à la question le temps que son cocher de fortune l'amène à l'Oasis de Shamedar.

Une fois sur place, il avait oublié tous ses soucis.
Il avait assurément de la monnaie sur lui, une petite bourse bien remplie, une chance qu'elle soit universelle ! Mais il était assez soucieux de bien la dépenser et de ne pas se retrouver à sec.

Son œil était vite attiré par les personnes exotiques qui étaient foules en Qalish, que de personnes féroces ! Certaines au sens très littéral avec de la fourrure carrément. Mais il savait se tenir, il y songerait plus tard, qu'il s'agisse de rixes amicales ou plus encore.

Bien vite, Dante se rendait compte qu'il était compliqué de trouver un réel plan et lorsqu'il demandait, il semblait évident que l'Oasis de Shamedar avait des emplacements tournants, une auberge pouvait se retrouver ailleurs d'une semaine à l'autre, tout n'était que grandes caravanes et superebes roulottes déguisées en bâtiment pour le style.

Lassé de demander le chemin, il se fiait à son instinct qui ne marchait de toute évidence pas trop et finit dans une fausse ruelle qui donnait plus loin sur le désert infini de Qalish, le sable à perte de vue jusqu'à l'horizon.

"Ah, zut, je vais devoir rebrousser chemin. Peut-être aurais-je mieux fait de rester à la première taverne trouvée plutôt que de tenter ce que seul un local saurait probablement faire."

Il s'assit alors sur une caisse en bois abandonnée et surprenamment solide, bien que couverte de sable, et prit une gorgée d'eau de sa gourde personnelle qu'il avait pris soin de remplir une fois arrivé ici. Il se posa un petit moment.

La magnifique Oasis de Shamedar ! Centre névralgique de tout le désert, l'un si ce n'est l'endroit le plus diverse du monde en tout point. Du révolutionnaire au marchand d'esclave, du revendeur de babiole au chasseur de trésor, tous pouvaient trouver leur bonheur dans cette cité aux murs blancs. Même les pillards.

Mais notre pillard était un homme recherché. Hors de question d'aller afficher son minois en pleine place publique, orgueil mais pas folie non plus. La tenue du jour était donc simplement l'armure lamellaire classique des cavaliers Qalishi, un masque en forme de gueule de lion redescendant sur le visage du Khan depuis son casque. Ainsi, il avait juste l'air d'un guerrier tribal d'élite, de quoi passer incognito sans pour autant se faire haranguer par le premier vendeur à la sauvette qui passe, parfait alors pour se déplacer dans ce dédale.

Ainsi commença l'aventure du Khan en ville, main constamment sur la garde de son sabre pour potentiellement couper la main du premier fouilleur de poche. Shamedar était peut-être encore sous le contrôle du Grand Rassemblement pour l'instant mais ça ne l'empêcher pas de faire répandre la justice sur ce qui serait plus tard sien.

Au détour alors d'une ruelle qui descendait tout droit vers le bazar central, une idée lui vint alors en voyant une échelle qui pendait au toit d'une maisonnette. Et si on prenait de la hauteur pour voir ce qui pourrait être intéressant ?

De quelques coups de poignets, l'armure lamellaire étant assez légère pour permettre cela, le guerrier se trouvait en hauteur, guettant d'un regard de prédateur chaque petit détail dans le paysage qui se détaillait face à lui. Peu intéressant, surtout une masse inconcevable de gens vers le bazar d'en bas mais... Quelque chose attire le regard, un instinct qui se fait diriger les billes blanches vers une tâche dans le décor. Quelqu'un de trop propre, trop brillant dans ce tableau un peu trop terne pour un tel personnage.

Un petit noble qui se baladait de façon insouciante en pleine ville ?

D'une impulsion, Eren se retrouvait à descendre l'échelle, fusant à travers la rue en se frayant sans grand soucis un chemin dans la foule, retombant dans les coins les plus sombres de la ville en un rien de temps. Il n'était pas natif mais connaître ce labyrinthe est vital pour n'importe quel qalishi.

- "Mon prince, je crois que vous vous êtes perdu. Il me semble que là vous vous dirigez tout droit vers de sérieux ennuis."

Il l'avait enfin trouvé dans les sombres rues, toisant du regard le nordique qui était hors de son élément, ses deux yeux blancs dégageant un air presque carnassier venant de l'homme en armure.

Dante avait à peine finit une autre gorgée quand il remarqua l'arrivé de ce fougueux homme en armure, d'où sortait-il ? Il avait fière allure avec son casque et il s'agissait visiblement d'un homme-bête, entre sa queue et ses oreilles qui dépassait. Il était bien bâti et assez massif, et pourtant Dante n'était pas une brindille !


Ce qui piqua au vif le prince c'était le mot utilisé par son interlocuteur pour s'adresser à lui, "prince". Peut-être était-ce simplement un mot doux pour attirer la faveur et l'attention d'un étranger avec sûrement de l'argent à dépenser !


"Prince ? Oh non voyons pas du tout, je ne suis qu'un humble roturier venu voir de mes propres yeux les magnificences du Désert de Qalish, je viens à peine de débarquer à l'Oasis."



Il était toujours assis sur son siège de fortune, cette vieille caisse couverte de sable et qui grincait au moindre mouvement, il se leva alors et fit un geste de main tendu vers l'homme-bête en armure. De plus près cet inconnu était encore plus massif même si il n'y avait qu'une vingtaine de centimètres de différence.


"Je me nomme Dante Moridion, et vous avez effectivement raison j'étais perdu et je ne sais pas trop où j'allais, pourquoi ne pas faire un bout de chemin ensemble ?"

Cette main tendue représentait donc la forme de réponse possible à sa question, mais l'homme aurait tout aussi bien pu refuser. Le regard de Dante tentant de pénétrer au plus profond de celui d'Eren, bien que celui-ci soit fortement dissimulé derrière son casque.

Même à travers le masque d'acier qui recouvrait pourtant quasiment tout son visage, la stupeur était lisible dans le regard albâtre. Le Khan pensait que le jeune nordique allait au minimum courber l'échine ou alors prendre peur, mais au contraire il lui tendait bien calmement la main. Peut-être qu'il n'était pas un prince mais il n'en reste pas moins inconscient, c'était déjà un miracle qu'il ne lui ai rien arrivé ! Le noble aurait pu par exemple tomber sur le roi des pillards, du genre individu recherché par les autorités locales mais heureusement, notre bon Jeune Roi était arrivé avant la catastrophe.

Le moment de flottement passé, Eren ira simplement se racler la gorge, enchaînant par une poignée de main vive et formelle.

- "Enchanté Dante, je suis Eren Ulankhan., tu as une idée d'où tu veux visiter ? La ville n'est pas la plus sûre, même pour les roturiers dans ton genre."

D'un mouvement de poignet habile, la main qui était en train de le saluer se retrouve à dégainer le sabre, le plat de la lame étant utilisé pour soupesé la bourse qui ne cessée de faire de l'œil au prédateur.

- "Se balader les mains dans les poches, avec votre richesse juste sur vos hanches, ça peut attirer les mauvais regards. Soyez honnête, vous n'êtes quand même pas un simple roturier ?"

Le sabre sera rangé aussitôt, du même mouvement habile. Ce n'était pas une journée chargée et qui que soit cette personne, autant lui donner une visite de la ville, au pire des cas, Eren pourra simplement donner l'addition à la fin. Alors, la main gantée relève le masque qui cachait le minois du guerrier, tendu enfin vers Dante pour qu'il le suive. Eren avait bien une idée d'où emmener le touriste.

Dante "Moridion" observait le petit jeu de l'homme-bête qui lui faisait bien comprendre que c'était tout de même dangereux de se balader en tant qu'étranger dans ce genre de rues, après tout les Nations n'avaient jamais signé un réel traité de paix, alors...

Cette pensée traversait l'esprit du prince bâtard, c'est vrai qu'il n'avait pas réalisé que c'était assez différent que de se balader à Mizutsune, ici pas de pacte, pas de contrat, Meridiem entretenait des relations avec Qalish mais le commerce était assez mineur comparé à ce qui pouvait se faire entre Orochi et les autres nations.


"Hmm, où visiter ? Je vous laisse mener la danse, très cher Eren Ulankhan, j'espère qu'Eren vous suffira car comprenez que votre nom de famille est assez difficile à prononcer pour moi malgré mon éducation....de voyageur."

Dante avait un peu glissé, d'ailleurs Eren lui faisait remarquer avec une démonstration presque menaçante que sa bourse trainait un peu trop en évidence, se pouvait-il que le Méridien cherchait en réalité les emmerdes ? Un vil sourire arrogant traversa le visage de l'humain l'air de dire Hé bien essaye pour voir

Eren put observer l'espace d'un instant que l'humidité semblait plus importante presque surnaturelle, mais dès qu'il rangea son arme cela sembla se dissiper puis le rouquin perdu son air un peu arrogant et repris un sourire sincère et plutôt avenant, alors que son interlocuteur dévoilait enfin son visage. L'esprit aiguisé du chef de guerre Qalish pourrait alors sûrement repérer plus intéressant que la bourse de Dante, son Oeil Divin Hydro qui venait de pas si discrètement briller quelque part sur lui, il semblait au final assez en évidence accroché sur la ceinture, mais le dérober ne semblait pas si simple.


"Je vous préfèrai avec le casque ! Vous risquez de faire chavirer des coeurs avec votre belle gueule. Je vous suis. Contentez-vous de me voir comme un simple roturier je pourrais en prendre note et savoir récompenser votre discrétion."

Il était enfin sûre, il ne suffisait que de légèrement gratter à la surface la légère couche de peinture qui recouvrait le jeune noble pour qu'il puisse révéler un peu plus que ce qui est visible. Ce sourire narquois, même provocateur qui était adressé à Eren rassure un peu le concerné. Il a bien crû pendant un moment qu'il allait faire une simple visite du bazar à un petit touriste, comme s'il était un simple guide touristique et même tout le contenu de la bourse débordante n'aurait pas suffit à soulager le male de crâne qu'il aurait eu après.

Le changement soudain d'ambiance et d'air autour du jeune homme n'aura pas été ignoré, d'autant plus avec un tel sourire qui vient directement piquer là où il ne faut pas. Le grand Khan restait sanguin et ce n'était pas le moment de s'emporter et de vouloir combattre en duel quelqu'un de potentiellement trop fort, surtout en pleine rue. Mais ce n'était pas pour autant que ça ne lui démangeait pas fortement, la poigne sur la garde de son sabre se resserrant pour afficher chaque veine qui parcourait la main caleuse du pillard. Chaque fibre de son corps l'empêche de venir pousser le bouchon plus loin, encore plus quand son regard remarque l'œil divin qui commence à scintiller dans la petite sacoche.

- "Tu peux bien m'appeler Eren si ça te chante Dante, ce n'est pas encore l'heure de m'appeler Khan de toute façon. Ne t'y habitue juste pas, mmh ?"

Une franche tape ira droit dans la direction de l'épaule du jeune homme, quelque chose pour détendre l'atmosphère et surtout d'essayer de contrôler ses propres pulsions de violence avant que la même main pousse légèrement Dante dans son dos, accompagnant celui-ci hors des ruelles sombres proches du bazar tout droit dans le marché. Là, le brouhaha s'active instantanément face à la masse impressionnante de curieux, clients où marchands qui hurlaient presque tous pour attirer les clients ou même juste simplement pour se faire comprendre face à un tel volume de bruit.

Heureusement, cela ne dérangeait que peu les oreilles félines du Khan qui s'étaient bien habituées à force au brouhaha. En peu de temps, en tournant à une rue bien précise, le décor change légèrement. Des étales l'on passe aux cages, remplies d'humanoïdes et autres êtres vivants en tout genre. Bétail, chiens de combats et surtout esclaves.

- "L'Oasis est un endroit formidable pour ça, même si l'on n'a pas forcément tout le commerce du monde et que notre marché n'est clairement pas le plus riche, on garde quand même cette originalité, toi qui apprécie mon joli minois."

Dans une cage en face des deux, un homme-bête était enfermé, le Khan saisissant d'une main la tête du rouquin pour légèrement déplacer sa vue vers la cage. Vu son état, difficile de savoir de quel espèce le pauvre hère pouvait bien tirer, il n'y avait qu'un doux et profondément triste visage qui en ressortait, une certaine beauté mélancolique qui pourrait mettre à mal n'importe qui qui ne serait pas habitué à la barbarie et à l'esclavagisme.

- Et lui alors, il ne te plairais pas ? Dit le pillard, suivit d'un court rire fourbe. Si comme ça le petit noble n'allait pas plus se révéler...

La situation semblait s'améliorer pour Dante, bien qu'il fût surpris d'Eren qui lui parlait d'une histoire de "Khan", il ne connaissait pas la signification de ce mot mais il était presque sûr de l'avoir vaguement entendu ou lu quelque part dans des livres d'histoires.

Le "roturier" avait bien compris que son interlocuteur ne semblait pas être n'importe qui cependant.
Il avait bien ressenti la légère tension lors des quelques secondes qui suivirent sa provocation, peut-être était-il face à un adversaire plus fort que lui en réalité et qu'il jouait un peu trop avec le feu.


Quoi qu'il en soit la situation s'était à nouveau apaisée après une tape amicale de l'homme-bête qui semblait d'accord pour l'emmener en visite dans l'Oasis.


L'homme du désert semblait l'emmener à travers les rues remplies d'étales et de biens, mais ne s'arrêtait face à aucune d'entre elle, sa destination semblait tout autre alors que les étales devinrent des cages, des animaux puis ensuites des personnes en tout genre. L'esclavage n'était pas inconnu à Meridiem mais il n'était pas aussi bien vu; c'était mieux d'avoir un domestique sous-payé et précaire qu'un esclave nourri et logé sur lequel on veillait comme un bien.

Bien qu'une certaine forme de malaise pouvait se lire dans les yeux de Dante celui-ci faisait de son mieux pour ne pas paraître si choqué, il vint même titiller Eren à ce sujet.


"Des esclaves, hein ? Je ne pense pas pouvoir, mais si je repartais avec un esclave j'en ferais un domestique en tenue de femme de chambre. Pour le coté contraste ? C'est un peu comme si un Méridien était habillé en tenue Qalishi pour la danse du ventre ou je ne sais quoi. J'aime bien l'idée. Mais d'ailleurs comment quelqu'un devient esclave en ces terres ? Je croyais que vous étiez tous des peuples libres ici."

Alors comme ça, les esclaves n'étaient pas bien vus en Méridien ? Eren s'en retrouve surpris, d'autant plus vu la petite phrase du jeune noble. Mettre des pauvres gens en robe de soubrettes, c'était bien le genre de chose que faisait les détenteurs d'esclaves. Humilier la personne ou assouvir ses fantasmes, ce n'était pas de toute façon vraiment une "personne" mais un objet.




Il en ricane à nouveau, prenant un malin plaisir à voir le malaise s'installer en le jeune noble. Le redoutable guerrier se trouve d'une humeur taquine, lâchant quand même le visage du nobliaud pour qu'ils puissent continuer leur route.




Le Khan avait prit un ton sévère pour lui répondre. Il était sincère, alors même que sa mère était une esclave. Pour lui, il avait eu le privilège de montrer qu'il était bien mieux que ça, comme son père c'était un homme libre et un propriétaire d'esclaves, qui plus est. Il n'était pas un objet, il était un cavalier Bat-le-désert, terreurs des sables, il était tout aussi insaisissable que le sable même.

Et la main gantée viendra se poser dans le dos de Dante, l'accompagnant hors des cages. A force de rester aussi longtemps dans l'endroit, les yeux commencent à se braquer sur le touriste. Un homme comme lui, aussi bien habillé et propre dans un tel endroit ça se remarque. Plus pour longtemps heureusement, les cages et les animaux exotiques laissant place aux fruits, légumes, et une multitudes de gens. L'atmosphère étouffante disparaît enfin et Dante peut même presque voir le soleil bleu à travers les draps qui recouvrent le ciel du bazar.




Un clin d'oeil est offert au touriste en plus d'une jolie mandarine, apparue "comme par magie" dans la main du bandit et offert sur sa paume. Il ne perd pas ses bonnes habitudes d'enfance, les années passées à courir dans le bazar quand il n'était pas avec sa tribu dans le désert lui ayant appris tout un tas de chose.

L'ambiance était devenue assez pesante au fil du temps, Dante sentait qu'Eren prenait un plaisir particulier à le tourmenter au sujet de ces fameux esclaves, le prince caché faisait de son mieux pour avoir l'air de quelqu'un qui a voyagé de par le monde et qui n'est pas si choqué que ça, faisant presque mine de s'y intéresser, mais sans sonder son esprit impossible de savoir si il mentait ou non.


"Si je dois ramener un homme-bête en Meridiem je préfèrerai le ramèner chez moi en tant qu'ami ou autre, pas en tant qu'esclave, on obtient des meilleurs résultats et faveurs d'une personne libre avec qui on a construit une relation de confiance. Bien sûr peut-être qu'on peut construire une relation de confiance avec un esclave mais dans ce cas pourquoi ne pas le libérer ?"


Le prince vit le ton bien plus sérieux lorsqu'Eren répondit à sa quesion sur le fait que les Qalishis et les Hommes-bêtes soient effectivement des peuples libres dont le commerce d'esclave n'était pas le principal moteur. Cette réponse ne le rassurait pas forcément car si ce n'était qu'un rouage secondaire voir tertiaire de l'économie pourquoi continuer ainsi ?


Mais ses questions furent balayées par l'homme-bête l'emmenant ailleurs, à nouveau se dressaient les étales de produits colorés et exotiques que Dante pouvait en réalité voir assez souvent au Palais Royal, mais c'était plus intéressant de les voirs sur leur lieu d'origine, les biens avaient l'air plus frais et plus de qualité, sûrement sans l'affliction apportée par le transport.


"Honnêtement ? Je ne cherche personne et je tue le temps, j'ai une semaine voir plus devant moi et je ne voulais pas rentrer chez moi, les temps sont durs, bien entendu personne ne m'attends car je suis sensé être ailleurs à faire autre chose. Dis-moi plutôt que des esclaves n'aurais-tu pas des personnes libres à me montr-"

Eren put voir alors que le "roturier" avait tourné la tête et avait coupé sa phrase puis s'était enfuit, il était rapide le bougre, bien sûr il n'était pas allé bien loin, il s'était juste planqué dans une ruelle plus discrète. Le Khan aurait facilement pu le suivre.


Si le guerrier du désert s'était intéressé à ce que Dante avait vu et l'avait fuir, il s'agissait d'une délégation officielle de diplomates Méridiens en visite à l'Oasis, rien de bien effrayant, juste une toute petite poignée d'humains et d'elfes avec de belles tenues arborant le symbole officiel.
Ces derniers faisaient simplement le tour en compagnie de ce qu'Eren reconnaitra comme des miliciens du Dieu-Guerrier de l'administration (Tareem). C'était une paire de femmes-bêtes, des grosses brutes épaisses couvertes de fourrures et bien armées mais qui semblaient très bien tenir une conversation avec leurs interlocuteurs.

Qu'est-ce que les gens du nord pouvaient être ennuyeux ! Evidemment que c'était moralement bon de ne pas considérer les gens comme des objets et tout le reste, eux qui ne voyaient et n'avaient quasiment aucun esclave ne pouvait comprendre toute la dynamique derrière. C'était un symbole de pouvoir, de richesse que de posséder des esclaves, plus ils remplissaient en plus des rôles différents, plus le prestige était grand.

Et d'autant plus que le commerce d'esclave était parfois vivier pour les pillards du désert. Faute de ressources à exploiter ou piller, les humains devenaient alors des commodités qu'ils pourraient revendre aux citadins ou aux étrangers, une culture de traite, mal vu par le reste du monde et à raison.




Alors qu'il était consterné par la réaction du jeune homme et qu'il allait commencer un long monologue, le Khan se rend compte que le petit roux n'est plus là. Son regard panique légèrement, analysant rapidement les environs à la recherche du fuyard, qu'il repère bien vite. Pourquoi pouvait-il bien fuir ? Dans le doute, autant le rattraper et l'empêcher de bouger, cela pouvait peut-être le concerner.

Le pillard armuré fuse alors vers Dante, rejoignant celui-ci dans la petite ruelle sombre. De son imposante stature, il bloque le rouquin de tout son corps contre le mur, une sénestre sur le dit-mur pour venir entourer en plus le fuyard, la dextre prête à dégainer sa lame. Il était clairement menaçant mais ne touchait en rien son intégrité physique.

D'un rapide coup d'oeil aux alentours, dont un mouvement de tête hors de la ruelle, il se rend compte de la situation. Son soucis n'était pas la délégation mais les hommes-bêtes. Lui aussi aurait de petit soucis si elles le reconnaissaient.




Dit-il tout du long à voix basse, tentant de rester le plus discret possible malgré l'attirail et l'apparence des deux. Si il y avait bien un groupe de personnes qu'il redoutait, c'était les miliciens de sa mentor. Avec ses guerriers ils n'auraient posés aucun soucis mais seul, ce serait du suicide. Il fallait maintenant extraire lui et le touriste d'ici.

Dante n'avait pas pris soin d'informer son interlocuteur de sa fuite, mais il avait la fine intuition qu'il le suivrait alors il ne fût pas le plus surpris du monde quand celui-ci le rattrapa en deux-temps trois-mouvements.

Ce qui l'étonna en revanche fût la forme de brutalité dont fit preuve son accompagnateur, le prince bâtard était assez déçu car il comprenait bien vite qu'il ne pourrait pas filer d'entre les griffes de son interlocuteur sans y réfléchir et bien s'y prendre.


Mais cela lui apprenait quand même qu'Eren avait grand intérêt à ne pas le quitter des yeux, sûrement une question d'argent ou quelque chose de plus sombre ! Mais l'excitation du danger et de l'aventure ne ferait pas reculer Dante de la situation actuelle.


Le Khan semblait lui aussi se cacher néanmoins, observant avec précaution la délégation que Dante avait fuit, un sourire un peu narquois lui vient au visage en entendant ce que son compagnon d'infortune venait de lui dire.


"Ils ne me poursuivent pas, ce sont simplement des émissaires de Meridiem qui semblent faire un peu de politique, de médiation ou autre. Ce n'est pas que je fuis c'est que je ne dois pas être vu ! Nuance. Mais je ne dirais pas pourquoi je ne dois pas être vu. En revanche j'ai l'impression que je ne suis pas le seul."

Il faisait référence à Eren qui malgré son imposante stature et sa confiance du reste de la journée semblait un peu plus aux aguets que d'habitude, peut-être que son guide local avait lui aussi des choses à cacher ? Mais il ne cherchait pas à exploiter les gens ni leurs secrets.


"Je veux bien te le dire au cas où nous échangerions nos secrets, ainsi je ne serais pas le seul à me mettre à découvert."


Pendant ce temps la délégation s'était arrêtée auprès d'une échoppe qui vendait des accessoires vestimentaires de toutes les couleurs et d'un tissu assez rare ailleurs, bien que chaque nation ait ses ressources pour confectionner des vêtements et autres.

Eren pouvait voir que malgré leur dilligence et leur sérieux les deux femmes-bêtes étaient constamment mises à l'épreuve par un certain membre de la délégation Meridienne, il s'agissait d'une elfe aux longs cheveux blancs qui dégageait un certain charisme malgré son manque cruel de taille.

Celle-ci semblait s'amuser à essayer les accessoires aussi bien sur elle que sur la paire de guerrières accompagnant son groupe, ces dernières semblant difficilement en mesure de résister aux demandes et presques souriantes, comme sous le charme de leur interlocutrice.

Tout ça ne plaisait pas grandement au Khan. Au final, en voulant se cacher des sous-fifres de Tareem, il était tombé tout droit dans l'interrogatoire. Le garçon faussement innocent en face de lui, affublé d'un sourire narquois, commençait à l'agacer, son petit jeu allant sûrement le mener dans une tonne d'ennui si il ne jouait pas le jeu.

Avec plein de méfiance, ayant lâché un regard rapide à la délégation occupée non loin par une échoppe, il rétorque alors;




Tout en lâchant une longue expiration d'exaspération, le guerrier recule légèrement, son corps n'entravant plus les mouvements du jeune noble. Son regard ne le quitte pas, se demandant bien ce qu'il allait en faire maintenant qu'il en savait tant. Les billes blanches comme la neige ne quittent celles du nordique jusqu'à ce qu'Eren brise le silence et l'inaction.

Ils allaient jouer le tout pour le tout et passer en plein milieu de la foule, ce serait en pleine évidence que les deux seraient cachés, à l'endroit où on les attend le moins.

La main de Dante sera saisit d'un coup avant qu'il ne soit traîné tout droit dans la foule. Le duo se dirige droit vers l'échoppe occupée avant de tourner vers la droite pour s'enfoncer dans le marché et la peuplade, le chemin menant directement vers la partie tisserande de la ville, le paysage se transformant peu à peu en une explosion impressionnante de couleurs diverses, de dessins en tout genre et de magnifique tissus semblant venir des quatre coins du monde.

Si ils ne sont pas poursuivis, le guerrier semblant escorter maintenant le noble arrêtera la marche entre deux grandes bobines de fil, lâchant la main de l'escorté.






Il ne voulait pas vraiment faire du mal au jeune homme et ça se trahissait à travers son regard. Le pauvre Khan, hors de son élément complètement était bien plus préoccupé à observer à droite et à gauche, à guetter ce dont il redoutait tant, tout en essayant d'en même temps ne pas perdre le jeune homme en face de lui, maintenant autant qu'il peut figurativement sa tête hors de l'eau.

Il apprenait enfin la vérité de la part de son guide qui n'était en réalité autre qu'un chef d'une troupe de bandits qui semblaient tout à fait connus par ici. Pour autant cette révélation ne surprenait pas Dante tant que ça, il avait trouvé l'homme-bête fort et agile et bien particulier, et ce malgré que la plupart des hommes-bêtes soient des forces de la nature.

Il n'eût pas le temps de s'exprimer à ce sujet car Eren lui avait pris la main pour le mener à travers foules et échoppes pour échapper à leur pseudo-poursuivants. Ils avaient chacun un soucis de ne pas se faire voir par des personnes de pouvoir ici visiblement.

Pour autant ce n'était pas la mauvaise méthode car ils ne semblaient pas être suivi par le petit groupe composé de soldats de Tareem et d'envoyés de Meridiem.

Ils finirent par s'arrêter entre deux grandes bobines de fil provenant d'une échoppe produisant de magnifique créations faites par une Qalishi tisserande, cette même boutique extérieure semblait très populaire, la foule serait donc bien suffisante pour les cacher lors de cet arrêt qu'ils marquaient.

"Soit, je vais te dévoiler qui je suis, j'estime que je peux te faire confiance, bien qu'en temps normal je ne l'aurais pas fait vu ce que tu viens de me dire sur toi ! Pour faire simple je suis un prince de Meridiem, je ne suis pas le prince héritier, juste un bâtard, mais j'ai mes responsabilités. Disons que je ne suis pas sensé être ici, mais un changement de dernière minute m'a permis de me procurer du temps libre avec quelques manipulations logistiques. Mon vrai nom est Dante Hresvaelgr."

Le prince bâtard ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il le croit et redoutait que son interlocuteur s'énèrve en prenant cela pour un mensonge, pourtant c'était bien la vérité aussi farfelu sa présence en ces lieux pouvait être. Mais avec cette révélation il était évident que Dante était aussi un petit con à chercher les ennuis malgré son statut, et ce sans avoir peur du danger, au contraire le cherchant même.

Lui qui se préparait à entendre une histoire mirobolante, pleines de détours dans un récit illogique, enfin bref, soit un faux héro soit encore un mensonge pour couvrir le jeune nordique. Mais rien de tout ça, le Khan était même plutôt convaincu, pourquoi fuirait-t-il sinon la délégation de Méridiem si ce n'était pas au minimum quelqu'un d'importance ? Et si c'était un vrai recherché comme Eren, il aurait au moins appris depuis le temps que de se balader à visage découvert est quelque peu risqué.

Le bon Khan trouvait même ça un peu mignon, s'imaginant son Karaman en train de fuir sa garde rapproché autant qu'il peut avant de rejoindre les Bat-le-désert. Un léger sourire se montre sur le visage balafré du guerrier qui rétorque alors;




L'atmosphère est bien plus détendue maintenant le danger bien loin du duo, un long soupire de soulagement étant poussé avant que le Khan ne glousse un peu, de la seule pensée qu'un petit noble aussi bien habillé et sage, d'apparence uniquement vous m'entendrez bien, ne puisse lui sauver la vie. Mais pourquoi pas ? Tout arrive dans ce monde.




C'était l'ultime test pour le bâtard. Qu'allait-t-il choisir parmi toutes les marchandises disponibles sur le marché ? Une simple pomme pour rester humble, un sabre de luxe, un esclave ? Dans tout les cas, la puissante poigne ne s'appliquait plus sur lui et il avait repris la route tout en accompagnant d'une main sur son épaule le prince, facilement délestable si il en avait l'envie. Il s'improvisait génie le temps d'un vœux, offrant la terre entière si il le voulait.