Pour commencer une bonne aventure, il fallait d’abord sortir de chez soi. Jusque-là, rien de compliqué, mais lorsque l’on vivait dans l’archipel kuro… Ouais, il y avait un immense problème : l’eau. De l’archipel au port le plus proche, la quantité d’eau variait de beaucoup à beaucoup trop. Il fallait donc traverser cette quantité illimitée d’eau, heureusement, il existait un moyen relativement facile de pouvoir traverser la flotte : les bateaux.

Ce qu’il y avait de bien avec les bateaux, c’est qu’on pouvait transporter tellement de choses dessus, comme une enclume, des marteaux, de l’argent et une petite naine. Cela tombait bien, c’était tout ce qu’avait à transporter Wanjeon. Peut-être quelques de ses œuvres en plus histoire de voir ce qu’elles valaient en dehors de son foyer. Elle n’avait néanmoins pas pris en compte un détail assez important… Où est-ce qu’elle dormait sur un bateau ? La seule idée qu’elle avait eu, c’était dormir dans un tonneau avec des couvertures. Est ce que c’était une idée à la con ? Oui, mais elle avait payé sa place sur ce bateau, qu’est-ce qu’elle risquait ?

Et bien, elle le découvrit en ouvrant les yeux un peu plus tard. Beaucoup de questions lui passent à l’esprit, comme par exemple, pourquoi est ce que quelqu’un l'a portée par le col ? Ensuite, c’était normal qu’on ne soit plus sur le bateau ? Et enfin, vous pensez que l’on peut appliquer combien de pression à une nuque avant qu’elle ne puisse se briser. Pas que l’envie de tuer quelqu’un lui était étrangère, mais ça ne se faisait pas sans justification, et elle hésitait entre décréter son action comme une justification valable ou non.

Finalement, elle s’était décidée en voyant le marchand avec qui elle a partagé la traversée, malmenée par deux de ces gens. En balançant son corps, elle déboîte l’épaule du garde la tenant nonchalamment avant de se précipiter pour libérer l’homme accusé à tort. Elle ne comprenait toujours pas ce qu’il se passait, mais ce gars était un gars bien, du coup si quelqu’un lui cherchait des noises, il devait ne pas l’être. Elle se saisissait de ses griffes de combats au passage, la mine calme et presque désintéressée de la situation, taclant le marchand pour l’extirper des mains des gardes et se plaçant entre eux et lui.

Est-ce qu’elle aurait dormi tout le voyage ? Même si c’était le cas, c’est quoi ce genre de situation, on ne pouvait pas la réveiller tranquillement ? L'artisane fronça les sourcils, scannant son environnement. C’était définitivement un port, et ces gens étaient tout sauf des nains. C’était un braquage ? Est-ce qu’ils étaient les bandits les mieux payés du monde ? Ces armures n’étaient pas de mauvaise manufacture, son œil de forgeronne le voyait.

“Mademoiselle ! Baissez vos armes, ce sont des gardes ! Expliquez-leur ce que vous faisiez dans ce tonneau !”

Elle tournait la tête plus vite qu’un kickboxer shadowboxing, écarquillant les yeux. “Des gardes ? Mais ils allaient vous-”

“Parce que vous dormiez dans un TONNEAU.”

C’était vraiment ça le problème ? Elle pouvait dormir où elle voulait non ? Elle était majeure. Puis, si vous faisiez sa taille, vous réaliseriez à quel point les espaces confinés étaient agréables à dormir dedans. Mais la prochaine fois, peut-être faire un peu plus de trous pour se réveiller avec la lumière du soleil. Sa posture se relâche légèrement, mais son regard retournait sur les gardes, ou plus précisément sur un garde. Le blondinet qu’elle n’avait pas encore eu le plaisir d'interagir avec. Quelque chose lui disait que si quelque chose de dangereux pouvait se passer, cela viendrait de lui. Peut-être, c’était leur chef.

“C’est confortable les tonneaux vous savez…”

Celui qu’elle assumait être le supérieur de cette petite troupe se mit a gueuler d’arrêter. Était-ce son problème ce que faisait ses soldats ? Pas du tout. Wanjeon se contentait juste de baisser sa garde et de regarder en direction du bateau. Sur le pont elle voyait des gens descendre des caisses, et parmis l’une d’elle elle reconnaissait celle contenant des affaires.

“Mh, j' espère qu'ils n’ont pas cassé ma charette… hein ?”

Il lui parlait ? Il avait pris un ton tellement moqueur qu’elle ne pensait pas qu’il s’adressait à elle dans un premier temps. Puis qu’est-ce qu’il racontait ? Le palais? Il y avait un palais ici ? Pourquoi elle y irait, elle en avait que faire de la royauté.

“Nope, j’ai des papiers qui disent que je peux venir ici en bateau.”

Son ami se portait garant, bénéfice du doute, il en racontait des conneries. Son ami avait à se porter garant de rien du tout, puisqu’elle n’avait rien à expliquer à cet homme ou n’avait rien à se reprocher.

“J’ai pas le temps, après.”

Sa réponse était franche et sèche, laissant bouche bée le pauvre marchand qui manquait de tomber dans les pommes. Mettez ça sur le dos de son manque de savoir sur la culture de ce port, mais elle ne comptait pas suivre quelqu’un dieu sait où sans s’être assurée d’avoir récupéré toutes ses affaires. Ses parents l’ont prévenu, si elle partait avec ses armes, beaucoup de voleurs voudront mettre la main dessus, et comme elle était toute petite et adorable, encore plus de gens voudront la berner.

En plus, elle avait vraiment autre chose à faire. Elle avait gardé un œil attentif à sa caisse, et lorsqu’elle touchait enfin le sol, elle s’empressa de la rejoindre. La naine venait tout simplement de mettre un gigantesque vent à la garde royale, la considérant bien moins importante que ses affaires. Ces dernières contenant son enclume, ses marteaux et beaucoup de sa marchandise, il lui était évident que son intérêt devait être porté sur eux, plutôt que sur des humains grincheux.

Elle avait mentionné des papiers plus tôt, et elle les sortait de sa manche, enroulé autour de son avant bras, ils ne risquaient pas de tomber, puis elle s’était dit que ce serait stupide de laisser la preuve que cette marchandise lui appartenait avec la marchandise, comment elle pourrait la récupérer si elle faisait ça ?

“Mademoiselle Jang-In c’est ça ?”

“Tout à fait. Il y avait une charrette avec, elle est où ?”

“Dans la calle, patientez un instant.”

Aussi balèze soit-elle, elle ne pensait pas une seule seconde être capable de porter tout ce métal sans utiliser un moyen de transport. En les mettant sur des roues déjà, c’est bien mieux. Il lui faudrait juste un destrier, parce que porter ça sur des collines ascendantes … Bonjour l’horreur.

Un fois l’inventaire fait, et tout installé, puis baché sur sa charrette, elle était prête à suivre ce blondinet aux gardes en biscuit.

“C’est bon on peut y aller.”