Une rumeur pas si infondée [PV Recluse]

Une rumeur pas si infondée

Voilà quelques jours que le climat continental s’imposait à la bretteuse des îles. Un délai suffisant pour qu’elle ne s’y acclimate, elle qui respirait pour la première fois un air étranger à son archipel. Ce séjour est l’occasion pour elle de prouver une nouvelle fois sa fausse loyauté envers son cousin. C’est aussi un prétexte idéal afin de pêcher des éléments à même de l’aider dans cette piraterie décriée par Kuro. Aujourd’hui, cependant, serait une belle journée pour mener à bien un objectif plus personnel encore que la reconquête de son royaume. Un objectif bien plus aisé que ce dernier également.

Le Père de l’Aube. Bien qu’elle n’y soit pas née, c’est ici que tout à commencé pour Sakuya. La demoiselle aux yeux de prune a en effet toujours été bénie de son Œil Divin, conféré par l’origine de cette luminosité tout aussi Céleste. Or, elle avait dû passer l’essentiel de ses jeunes années à vivre cachée, recluse au sein de la capitale Kuroïte afin de se forger sa nouvelle image. Une existence inventée de toutes pièces qui, si elle a réussi à berner nombre de mortels jusqu’à présent, n’éloigne pas l’utilisatrice d’Electro de son Créateur.

Ainsi, tenter d’atteindre cette montagne et témoigner de sa gratitude envers le Patriarche fut toujours une pensée présente dans cet esprit très religieux. Cette pensée occupe d’ailleurs une place plus importante dans la vie de Sakuya depuis que chaque jour ou elle survit à l’exercice de son mensonge est perçu par l’intéressée comme un répit divin. Parce que la bretteuse est de foi, mais aussi parce qu’elle croit profondément qu’une chance ne peut durer sans rétribution aucune, elle a décidé de profiter de sa présence à Mizutsune pour atteindre le Bras du Père.

Seulement, en dépit de toute la bonne volonté dont la bugeisha sait se montrer capable, un problème demeure. Et de taille qui plus est. En effet, n’étant pas native du comptoir commercial, la demoiselle se retrouve bien en peine de connaître l’itinéraire à suivre jusqu’à sa destination. Naturellement, une carte est à sa disposition pour s’épargner la tâche de dépendre d’autrui à cette fin. Mais lorsque ce désir pieux s’est emparé d’elle, la dite carte était restée à bord du bateau ou elle ne se trouvait pas. La Lame était à quai et le navire lui, effectuait une ronde afin d’aborder et de contrôler le moindre navire suspect. Plutôt que d’attendre son retour, la noble déchue avait donc jugé préférable de demander sa route. Sans compter qu’il s’agissait d’une occasion rêvée pour qu’on ne lui demande pas ou elle allait.

Les habitants de la ville portuaire seront toutefois moins loquaces qu’attendus. Ou pas de la manière attendue par la voyageuse. Certains récalcitrants passeront tout droit à l’évocation du Bras du Père. D’autres auront l’amabilité de lui indiquer un chemin sûr avec bien peu de détails. Les derniers, eux, lui conseilleront de faire attention à ne pas se détourner de l’itinéraire plébiscité. Ceux-là même ajouteront que si elle venait à se perdre dans les bois, ce serait une ravissante jeune femme qui tomberait malheureusement dans les griffes de la Recluse Brune. Il n’en fallut pas plus pour intriguer l’étrangère.

La bretteuse, friandes d’arts en tous genres, considère les légendes comme une forme de poésie. Elle sait aussi que les mythes sont bien souvent exagérés, comme la propre histoire de la lame qui repose aujourd’hui à sa ceinture. Ainsi, plus intriguée qu’effrayée par les nombreuses rumeurs sur l’occupante du Bois-Vivant, c’est en direction de ce lieu que cavale la noble, enfourchée sur son destrier. Personne n’a daigné lui indiquer la route jusqu’à la demeure de la Recluse, la traitant tout simplement de folle puisqu’elle voulait s’y rendre de son plein gré.

Par chance, l’endroit est bien indiqué. Particulièrement, les conseils de rebrousser chemin se multiplient à mesure que l’on approche de l’orée de la forêt. Pas de quoi faire changer d’avis une âme empreinte de courage, qui atteint le sinistre bois au terme d’un galop de quelques heures. Le pauvre équidé, sommé de ralentir, décide d’hennir avec véhémence pour réclamer de l’eau. Par chance, un ruisseau proche permet à la monture de se désaltérer avant de reprendre la route. Le moins que la Kuroïte puisse dire, c’est que le paysage est loin de lui inspirer la même méfiance qu’à ceux dont elle a fait part du désir de s’y rendre.

Rapidement, l’endroit lui rappellerait même sa terre natale. Une pensée qui lui traversa l’esprit lorsqu’elle passa sous un cerisier en fleurs protégeant une petite clairière des rayons solaires. Quelques-uns de ces arbres étant plantés de façon éparse dans la ville portuaire, probablement qu’ils ont essaimé leur pollen jusqu’à ce sanctuaire naturel. Sakuya ne se doute pas encore que les légendes dissuadant les foules d’arpenter ces bois sont en partie véridique. En réalité, plus elle suit le même chemin inlassablement, puis il lui semble que tout cela est fortement exagéré. Alors qu’elle passe sous un second cerisier, leur fragrance si délicate envahit ses narines, ce qui la ferait presque immobiliser son destrier. Pas par quelconque appréhension mais simplement pour se laisser aller aux souvenirs que peut lui évoquer ce doux parfum printanier. Dans les bribes de mémoire qu’elle possède encore de son frère, il lui semble que ce dernier aimait à agrémenter sa toison de prune d’une de ces fleurs symboliques. Hélas, ses souvenirs sont flous et son aîné n’est plus là pour les rafraîchir.

Alors que son cheval continuait à trotter, un autre stimuli se chargerait de lui rafraîchir les idées. Égarée dans sa nostalgie, la noble avait détourné le regard du sentier qu’elle arpentait pour en scruter les abords. Et ce qui devait arriver arriva. Une branche inamovible rencontra sa menue silhouette, qui s’écroula alors au sol lamentablement, désarçonnée de l’équidé qui stoppa également sa progression. Le temps d’une parole pour maudire son inattention, la jeune femme remarquera un détail étrange. Ce cerisier, même si la branche s’incline davantage, est exactement le même que celui rencontré précédemment. D’ailleurs, il s’agit aussi de l’exact même arbre que la première fois. Époussetant son kimono, sa chevelure, et replaçant l’entièreté de ses atours conformément à l’étiquette qu’elle doit afficher, l’étrangère se demande alors si elle n’est pas tout simplement perdue.

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Dim 18 Fév - 1:00

Une rumeur pas si infondée

Un nouveau jour, un nouveau visiteur. Et le Bois-vivant est bien décidé à accueillir cette perturbation de la même façon que les précédentes. Son air mystique, vanté par les différents visages sur toute la route menant à lui ne purent qu'aller crescendo à mesure que la distance séparant la nouvelle âme de sa destination s'amenuisait.

Les récits s'harmonisaient aussi dans le sens d'un danger difficile à contrôler, de disparitions nombreuses et que jamais une dame ne devrait s'engager seule dans un tel périple. Mais peu nombreux étaient ceux qui de toute façon avaient souhaité écouter les conseils des autochtones ces dernières années.

Pourtant, aucun cadavre ni aucun ossement ni rien ne laissait présager de la fin importune des hommes et femmes de ces récits. En vérité, le chemin emprunté demeura paisible tout du long et ce jusqu'à croiser cet étrange cerisier qui n'était pas à sa place.

La route continuait cependant, le calme du Bois-vivant lui était antinomique, un vent paisible brassait les cimes des arbres qui tendaient vers le brun à mesure qu'on approchait du centre de la forêt, une teinte anormale et non naturelle. Ce vent donnait l'impression d'une respiration lente et qui s'octroyait tout le temps du monde à chaque vague faisant voler les feuilles. Comme lors du sommeil où l'inspiration et l'expiration s'accordaient chacune une pause après chaque séquence.

Le chemin, pour lequel on aurait juré ne jamais être passé deux fois dessus, était en réalité bien différent après chaque passage au niveau du cerisier qui, pourtant, était à chaque fois identique en tout point. Cette impression d'être perdue avait autant d'origines possibles que de raisons de l'expliquer.

Personne n'avait jamais vu un arbre bouger, mais pourtant les sentiers se reconfiguraient de semaine en semaine et aucune route ne témoignait d'assez d'usure pour en faire une ligne droite et cohérente dans la nature.

Aucune route, sauf celle que l'équidé venait d'emprunter.

Bois-Vivant
Sentier Insensé

La chute fut rude pour Asano, mais au moment de relever les yeux, le monde se mua de nouveau, la couverture de branches commença à craquer au dessus de la tête de l'invitée, les membres de chaque arbre commencèrent à s'articuler en arches jusqu'à supplanter le sentier dans toute sa longueur, se refermant jusqu'à filtrer une moitié des rayons lumineux du soleil, ne laissant plus que percer des colonnes lumineuses peu communes par endroits.

Il était presque devenu banal pour la Recluse de devoir réceptionner des profils atypiques au milieu du Bois-vivant, la journée n'allait pas changer pour elle qui avait tout pour détester les demandes égoïstes de tous ses visiteurs. « Je veux devenir le prochain dieu », « J'ai des problèmes avec mon papa », « J'ai un démon intérieur », « Mon peintre est plus beau que moi » et des meilleures. Elle avait tout entendu.

la Recluse

Très belle manière de tomber. Vous êtes ?

Sera le seul commentaire pourvu, suivi d'un ricanement amusé mais amical. Pour origine, la grande dame maîtresse de la forêt, du haut d'au moins un mètre quatre-vingt-dix, elle supplantait tous les êtres non-elfes, et sans doute même une partie des elfes eux-mêmes.

La sorcière s'était installée bras croisés à proximité du cerisier, et il aurait été difficile d'identifier depuis quand elle était là. Mais une chose était certaine : ce n'était que maintenant qu'on pu l'apercevoir et l'entendre.

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Dim 18 Fév - 5:12

Une rumeur pas si infondée

Après cette mésaventure, son visage marqué au bois rouge la dissuaderait pendant un temps conséquent de ne pas regarder ou est-ce qu’elle s’aventure. A bien y regarder, les arbres s’élevant jusqu’aux cieux semblaient tous se ressembler jusqu’à présent. La bugeisha était pourtant rompue à l’art d’analyser son environnement. Qu’il s’agisse de mémoriser son chemin ou bien de peindre des natures mortes aussi fidèlement que possible. En tout cas, la bride de son destrier maintenue dans sa paume, c’est à pied que l’enfant des îles choisirait de continuer sa route.

Et la forêt, comme vexée d’avoir été ignorée malgré cet avertissement clair, démontrera ici qu’elle ne déméritait pas le nom de Bois-Vivant. Les miroirs de l’âme de la voyageuse s’élevèrent à la recherche de l’astre diurne, afin d’avoir un point de repère externe. C’est à ce moment que tous les arbres se grandirent, se plièrent, sous les craquements de leur peau d’écorce. Les fiers piliers de végétation s’arquèrent ensuite, masquant la vue de l’étoile chaleureuse à l’imprudente qui ne put dès lors faire semblant d’ignorer davantage les phénomènes prenant place autour d’elle et sous ses yeux.

La fuite en avant, ou en arrière, était toujours une possibilité envisagée par son cœur qui se resserrait. Pourtant, avec ce qu’elle venait de vivre, et avec ce dôme végétal au-dessus de la tête, la jeune fleur se sentait aussi prisonnière des feuilles que le fruit d’un Amour en cage. Or, toute prison possède une geôlière. Celle-ci, amusée, fendra le silence naturel de son timbre, la mélodie de sa voix provenant de l’angle mort de la fleur Kuroïte. Le cœur de Sakuya manqua un battement, quand bien même son attitude conservera une impassible dignité. La bretteuse réconfortera sa monture, tout aussi surprise qu’elle, d’une caresse légère sur le museau. Ensuite seulement fera-t-elle face à la sorcière, harmonisant les prunelles de son âme avec cet éclat de gelée royale.

« Oh. Je suis.. »

Dépourvue d'intelligence. Sans doute la manière la plus soutenue qu’elle puisse trouver de se décrire en cet instant. Moult fois l’a-t-on prévenue de la nature surnaturelle de l’occupante des lieux. Sciemment l’a-t-elle ignoré tout autant de fois. Elle qui se veut friande de légendes constate désormais que la réalité dépasse parfois la fiction. En effet, elle se tient devant elle nulle autre que la Recluse Brune. La princesse ne peut que le supposer, puisque cette elfe est bel et bien brune mais… tout dans son attitude respire le pouvoir. Qu’il s’agisse de sa seule stature ou bien de sa beauté en elle-même. La Lame s’attardera temporairement sur la gracieuse silhouette, avant de réaliser que sa constitution est aussi majestueuse que généreuse. Ce constat la forcera à détourner le regard tandis qu’une légère teinte pourpre illuminera ses pommettes.

« Je suis Mangetsu. Fujiwara Mangetsu. Native de l’Archipel de Kuro, je n’aspirais qu’à profiter d’une escale pour apprécier de mes propres yeux la beauté du Père de l’Aube. »

Son prochain geste sera suffisamment rare pour être souligné. En signe de déférence, la voilà qui s’agenouille face à l’elfe, son front posé sur le toit du royaume des morts. L’on pouvait trouver cette réaction exagérée, mais elle l’était à peine dans un esprit cultivé parfaitement conscient de sa faute comme de sa sottise.

« Nul mot ne saurait implorer mon pardon auprès de vous. Vous êtes celle que l’on nomme Recluse Brune, n’est-ce pas ? L’on m’a dit beaucoup de choses, pas toujours flatteuses, sur vous. Or, je viens d’une terre ou nombre d’histoires sont déformées pour devenir des légendes. Alors quelque part, je voulais en avoir le cœur net. »

Loin d’être une tentative de manipulation, l’étrangère au Bois se dit alors qu’il serait attendu qu’elle exprime son ressenti. Sa vision de cette légende vivante présente devant elle, maintenant qu’elle pouvait la jauger à sa juste valeur.

« Et je dois dire… que les mythes dépeignant votre existence ont une part de vérité. Vous êtes effectivement plus radieuse encore que l’éclat Patriarcal. Votre charme, tout comme votre puissance, me semblent à présent rayonner dans ce sanctuaire que je n’aurais dû profaner. »

A l’instar de tout récit folklorique, les mots de Sakuya seraient ici exagérés. Son ressenti n’en était pas moins véridique : les nobles Kuroïtes, particulièrement les artistes du divertissement, se voulaient modèle de beauté. Objectivement, même les courtisanes de petite vertu au service de l’Hydre savaient allier charme et élégance. Pour ce qui est de l’elfe souveraine de la forêt cependant.. jamais la fleur de l’archipel n’avait posé les yeux sur quiconque capable de lui faire de l’ombre. Sa plaidoirie touchait maintenant à son terme, si bien qu’elle décida de regagner ses appuis. Et de nouveau, son regard sincère s’harmonisera avec celui de la dame aux yeux d’or.

« Peut-être.. puis-je faire oublier mon intrusion en vous divertissant ? Je suis bien loin de vous égaler, mais je suis moi-même une grande amatrice et pratiquante d’arts. »

A présent, ne lui restait qu’à attendre l’exercice de la clémence, ou de la sévérité, de celle ayant autorité en ce lieu.

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Mer 21 Fév - 1:04

Une rumeur pas si infondée

La dame se rassura de voir une Kuroïte se présenter dans son bois, cependant il fut difficile de ne pas arquer un fin sourire amusé à l'idée de se dire que son fameux Bois-vivant avait reçu successivement ─ou peut-être en simultané grâce aux merveilleuses illusions dont la Recluse était capable, qui sait─ la visite d'un capitaine pirate, d'un démon branché à une exhibitionniste et un Khan accompagné de son soutien émotionnel.

Les manières raffinées et l'indiscutable respect quoi qu'un peu trop vénal au gout de la Sorcière, faisaient des qualités que la grande dame recherchait.

Cependant, son regard portant un éclat d'or ne se camouflera pas de scruter toute la statue de la nouvelle. Armement, tenue, équipement, bourses, et certes, plus tard le corps. Il était reconnu que la dame ne dissimulait pas un intérêt charnel avec ses proies, quelles que soient leurs déterminants. La légende était-elle vraie ? Ou était-ce un simple intérêt morbide pour l'anatomie ? Difficile à dire.

Les récits n'avaient cependant rien raté de vanter chez la déesse de la beauté, qu'on traduise sa silhouette sous une plume délicate pour déclamer par la verve tout ce qui faisait d'elle le seul astre vers lequel il convenait vraiment de se tourner, tout cela passait par ses mimiques discrètes, son fin sourire dont on se sentait rapidement chanceux d'avoir aperçu, ou parfois son regard prédateur, qui à en être la proie, satisfaisait quiconque se sentait indigne de respirer en sa présence.

Dans la main d'un autre rêveur, de vigoureux coups de pinceau bâtissaient les fondations d'une offrande, et nombreux se sentaient déjà peintres lorsque l'imagination les faisaient fantasmer la présence de la dame à leurs côtés, telle une muse qui les aidait à signer leur art d'un dernier envoutement acharné.

Une longue inspiration vint alors interrompre la pensée, prise par la Sorcière, faisant s'élever autant son corset serré que la forêt qui dans une synchronicité orchestrée expirera longuement dans une vague faisant se mouvoir tous les branchages et feuillages.

la Recluse

Ils viennent tous éblouis par la splendeur du Père de l'Aube, mais c'est sur moi finalement que vos yeux se posent. Retenez le bien.

Le commentaire pu paraitre quelque peu méprisant envers le Père protecteur, suffisait-t-il seulement d'en évoquer le nom pour frustrer la maîtresse des lieux ? La forêt n'en montra aucun signe. Le ton de la dame revint à la normale.

la Recluse

Vous êtes loin de vos terres, mais dans ma précédente vie à la cour, je n'eu que de bonnes relations avec les bons êtres venant de chez vous.

Par chance, on ne faisait passer que les bonnes têtes devant la grande prêtresse.

Un malheur pour comprendre ce qu'est la véritable vie... mais c'est symptomatique chez les elfes.

Le dernier commentaire la fera hausser simplement des épaules, ses bras se refermant contre sa poitrine pour se croiser, jugeant de l'intérêt de la femme qui se propose au rôle de bouffonne.

Elle ne commentera cela dit rien de la prosternation ainsi effectuée, soulevant un sourcil de surprise mais se rappelant assez vite qu'il devait s'agir d'une différence culturelle, qu'elle devait sans doute le considérer comme un témoignage de respect un poil maladroit.

la Recluse

Si vous pratiquez l'art, j'aime la poésie et le chant en priorité. Si vous pratiquez la magie, j'apprécie le simple usage que l'on donne à former une pensée et à l'incarner du simple geste d'un doigt.

Choisissez par quel medium vous allez m'éblouir, et peut-être serai-je indulgente

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Sakuya Asano

Mer 21 Fév - 17:28

Une rumeur pas si infondée

L’une de ces légendes peu rassurantes sur la Recluse invoque le fait que la jeune femme des îles serait transformée en grenouille pustuleuse dès l’instant où ses iris croiseraient le regard d’or de la Dame du Bois-Vivant. Or, puisque sa silhouette était toujours humaine, le tenancier d’auberge responsable de cette rumeur se rendait coupable de mensonge. À moins qu’il ne s’agisse de propos tenus par le client qui était avachi en face de lui ? Les relents éthyliques de l’haleine de ce dernier ont peut-être atteint durablement la matière grise de cet habitué. Quoiqu’il en soit, ces rumeurs seraient ignorées puisque la jeune fleur avait l’occasion de se faire une idée véritable de la Sorcière légendaire.

Ici, tout ce dont Sakuya pouvait attester, est d’une personnalité en proie tant à la lassitude qu’au narcissisme. La lassitude de voir son domaine traversé par des pèlerins innombrables. Mais surtout, une opinion d’elle-même suffisamment haute pour prétendre éclipser la lumière du Patriarche de sa propre beauté. La Kuroïte, ayant fait d’elle-même ce constat, ne pouvait lui jeter la pierre. Combien de visiteurs l’illustre magicienne avait-elle déjà rencontré au cours de sa vie que l’on prétend pluriséculaire ? Sur cette proportion, combien en avait effectivement réchappé ? Mieux, combien auront su faire montre d’un respect dû, comme l’a fait la Lame, face à cette créature qui relève sans aucun doute de la demi-déesse, sinon de la déesse tout simplement ? Peut-être l’enfant du printemps aurait l’occasion de questionner son interlocutrice.

Car bien des éléments retinrent son attention, dans le discours de la Dame elfique. Le fait que la Recluse fut jadis la Haute-Prêtresse corrélait avec son étiquette, quand bien même la bretteuse n’ait que peu de notions de l’histoire Méridienne. Également, le fait que la puissante magicienne entretint jadis des relations cordiales avec ce que l’archipel propose de noble et uniquement de noble. Les deux femmes semblent alors s’accorder sur le fait que ce statut confère un devoir d’exemplarité et non de représentativité. Or, la question qui lui brûle immanquablement les lèvres concerne son défunt père avant tout. L’ancien Shogun aurait-il pu converser avec cette illustre au crin de jais, lui qui a emporté tant de secrets dans son linceul aux yeux de sa fille ?

Une opportunité sera tout de même accordée à l’orpheline. Pas celle de ressasser un sombre passé, mais bien de resplendir dans le présent. Entre enchantements et verve, la native de Kuro penchera d’office vers l’exercice de cette seconde discipline afin d’impressionner son hôte. Après tout, si sa vie en dépend, nul mal ne réside dans le fait de choisir l’option de facilité. Et si cette démonstration ne doit influer que sur la suite de leur échange, la Princesse peut bien attester de ce pan de sa propre culture. La Recluse a sans conteste une érudition supérieure à la sienne, mais Sakuya prétend tout de même la surprendre sur ce terrain.

« Voici donc en ce jour, que l'harmonie débute
Leur histoire s'oppose, au virage d'un bois
Héritage qu'élèvent, deux êtres de foi
Portées à l'unisson, par une simple chute

Par ces mots comprenez, belle et toute-puissante
Que j'aspire humblement, à susciter chez vous
Une admiration, envers ce que je couds
De ce timbre semblable, a des feuilles bruissantes

Car si par votre vue, mes yeux sont éblouis
Mon verbe lui est apte, à ce que soit acquis
Votre esprit séculaire, à mon âme candide

Nul sortilège ici, n'en est finalité
Uniquement de voir, vous en apprécierez
Votre brumeux passé, me devenir limpide »

Cette démonstration achevée, la sang bleu s’autorisera une relative liberté. Sakuya regagnera son destrier, sans se désintéresser de son hôte à qui elle promet un second acte selon ses codes. Semblable à un luth, la demoiselle aux yeux de prune récupérera alors un trois-cordes issu de son havre. Et tandis que la mélodie qu’elle jouera se voudra envoûtante auprès de l’elfe dont la taille n’a d’égal que le charme, elle se permettra de saisir brièvement sa main afin de l’inviter à la suivre. Néanmoins, ce qui peut être perçu comme une profanation de son corps n’est qu’une façon de lui faire redécouvrir son sanctuaire. Ainsi, l’étrangère se retrouve à guider la native parmi les arbres, sans la brusquer d’aucune sorte. L’attention de la Kuroïte est alors entièrement dirigée vers la nature, dont elle ne saurait distinguer le réel de l’illusoire. Ce qui l’intéresse néanmoins, est de trouver des scènes qu’elle pourra contempler aux côtés de son illustre comparse.

« Voyez cette feuille
Fondre du règne céleste
Vers tant de semblables

N'est-ce pas un signe
Que vos divins sortilèges
Subliment l'automne

Comme la rivière
Que remonte cette carpe
Suit son lit d'été

Mon chant vous plaït-il
Ou bien appréciez-vous
Sa forme plus pure

Mélodie des flots
Carpe muera en dragon
Volent hannetons »

Là, le shamisen s’amuïra. Tout comme la musicienne s’immobilisera, souriante, envers celle qui redeviendrait l’unique et légitime guide touristique. L’exercice aura-eu le mérite d’adoucir encore son âme candide, puisqu’elle ne s’était sans doute pas livrée à un tel exercice avec quelqu’un d’autre que sa servante. Néanmoins, afin de demeurer digne, ces souvenirs seront reflués dans les abysses de son esprit. En compagnie d’une elfe vénérable et délicate comme la Recluse Brune, la princesse espérait qu’un échantillon de sa poésie natale, destinée à immortaliser l’éphémère beauté naturelle, fasse son effet. Hélas, peut-être en avait-elle trop fait une fois de plus.

« Pensez-vous que tout cela sera digne de votre indulgence, Maîtresse du Bois-Vivant ? »

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Recluse Brune

Sam 24 Fév - 17:01

Une rumeur pas si infondée

La Sorcière du bois ne demeura pas stoïque bien longtemps, agréablement surprise par la tentative de la juvénile à clamer quelques vers à son encontre. L'exercice d'improvisation demeurait un des plus difficile, toute discipline confondue, et la Recluse ne pouvait le nier sans faire preuve d'une mauvaise foi qui la répugnait bien assez chez les autres.

Cependant, de belles tournures de phrases ne suffisaient qu'à charmer les indolents et à convaincre les princesses de passer au plus tôt au baisemain et à tout ce qui suivait le lendemain. L'elfe se força alors à entretenir un doute raisonné à l'encontre de la kuroïte, se refusant de lui laisser le contrôle intégral de ses pensées intimes.

la Recluse

Voici plus de mille ans, que tisse la Recluse,
Et pensez vous vraiment m'étonner dans mes bois
à l'aide de quelques mots, provoquer l'émoi,
Dois-je dès lors vous voir autrement qu'en intruse ?

J'admire les efforts, ni voyez aucun tort,
Alors ci-gît un accord, et j'en veux encor,
Dans ce morne décor,
des mots d'or qui m'honorent,

Vous ne m'apprenez rien, quiconque vient au Bois
y cherche un bien, à voler ou à faire sien,
Qu'il s'agisse d'un cœur, ou bien d'un œil divin

Admettons alors que je vous donne ma main,
guidez moi où vous bon semble, mon quotidien
ne puit attendre de retrouver son air coi

La dame se laissa saisir à la main, d'une curiosité maladive qui l'avait inévitablement poussée à choir de sa position pourtant désirable auprès des siens, une curiosité qu'elle n'accompagna pas sans un filet de sécurité qu'elle aura choisi de tisser à l'aide de ce contact physique bref.

Toucher la Recluse était pourtant considéré comme un signe de mort proche selon les nombreuses tirades hurlées dans les tavernes comme par les quelques hérauts de la fin des temps qui clamaient voir en la sorcière une annonciatrice de malheur, c'était généralement là que son venin s'infiltrait dans les veines sans même qu'on s'en aperçoive, et une fois la réalisation faite, il était de toute manière trop tard.

Ce fut encore le cas aujourd'hui, la main douce et à nue de la Sorcière formant le contact avec l'orpheline servit de signature à un contrat invisible. C'était le glas de son libre arbitre dorénavant changé en une liberté modérée.

la Recluse

Je vous accorde un talent surprenant à répondre au moindre de mes souhaits, eussent-t-ils été les plus triviaux.

Soit, je vous accorde le droit de traverser le Bois-vivant et même celui d'éveiller ma curiosité.

Ne vous méprenez cependant pas sur ce lieu, s'il porte un nom dédié à la vie, il est destiné à y mettre fin, ne le voyez pas à mal, comprenez qu'il fait partie d'un cycle et que la vie éternelle y est interdite.

Que le bourgeon doit céder à l'apoptose, tôt ou tard.

La déesse des lieux s'accorda au moins le temps de profiter de la courte scène qui se proposait à elle, le théâtre lui manquait bien qu'elle prévoyait prochainement de quitter ses bois et de s'infiltrer dans une ville, d'élargir ses horizons et d'avancer ses pions.

La nature, elle, répondit à l'appel de la musique, les arbres cessant de craquer pour ne pas blesser le rythme, les racines laissèrent la place sur la route en serpantant de manière irrégulière sous le sol, remuant la terre bien trop vite pour qu'aucune pensée directrice n'en soit à l'origine, laissant finalement un chemin de choix à la monture.

D'autres formes obscures s'invitèrent au delà des troncs qui constituient une barrière visuelle de part et d'autre de la route, des paires d'yeux luisants et blancs contemplaient en un nombre difficile à mesurer le duo s'avançant sous l'élan de la kuroïte, chacun possédant une silhouette indiscernable mais différentes de ses semblables.

Bientôt, une vague d'étranges formes translucides vinrent couler entre les branches, quittant les cimes des arbres pour tomber telles des feuilles à hauteur de buste avant de changer de forme. Des poissons ?

Il s'agissait d'un banc de poissons, leur forme se confirmait peu à peu, des truites, des thons, une carpe, et sans doute bien assez d'autres espèces pour satisfaire un pêcheur pendant toute une vie commencèrent à envelopper le duo dans un véritable banc.

la Recluse

Satisfaite d'apaiser enfin votre soif de savoir ? Voudriez vous en apprendre plus, au risque de briser l'enchantement d'une belle rencontre en réalisant quels sont mes desseins ?

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Sakuya Asano

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Sakuya Asano

Sam 24 Fév - 18:27

Une rumeur pas si infondée

De la poésie conventionnelle, ou bien de son dérive des îles, la jeune fleur ne saurait dire laquelle de ses démonstrations a suscité davantage d’émoi auprès de son illustre interlocutrice. L’ensemble de cette prestation, cependant, lui vaudra le droit, que pense-t-elle, l’honneur de demeurer dans le Bois-Vivant et de le traverser sauve. Or, il lui sembla que la voix elfique éclipsait de son timbre comme de son éclat toute la beauté qu’elle venait d’encenser. A bien y réfléchir, rien n’était plus normal. Pleinement consciente de son don naturel, qui d’autre que la beauté peut prétendre magnifier une ode lui étant adressée ?

Or, au-delà de la grâce des mots, la Kuroïte percevait aussi une certaine exaspération. Une volonté de ne pas voir l’intruse s’éterniser dans un sanctuaire ne lui appartenant pas. Le Bois-Vivant était certes éloigné de sa véritable terre, mais l’élégance d’une étendue boisée ne saurait laisser une artiste en herbe de marbre. Que l’on parle du paysage ou de la muse l’occupant, la bretteuse regrettait de ne pas avoir emporté son nécessaire de peinture dans quelconque besace sur son destrier. Oh, se lamenter sur une lacune ne lui ressemblait pas. A la place, devrait-elle trouver un autre moyen de monnayer davantage que ce qu’elle avait obtenu.

En revanche, après leur spectacle verbal, la Maîtresse des lieux initierait un spectacle artificiel dont elle seule avait le secret. La musicienne, voyant la nature se mouvoir au gré de son shamisen, n’eut cependant pas l’impertinence de songer contrôler le vivant de la sorte. Pas avec une hôte si prestigieuse auprès d’elle. Par ce geste, cependant, la Recluse semblait admettre que toutes les deux formaient un duo de poètes de talent. Et quelle plus juste rétribution pour un talent à manier les mots qu’un public, nombreux mais également confondu, tapis dans l’ombre des arbres ? A nouveau, la demoiselle s’interrogea sur la réalité des scènes qu’elle avait cru bon de décrire à l’elfe.

Or, voici que la silhouette massive, composé d’une multitude, se meut. Des lignes d’arbres, se mettent à couler des bancs de poissons flottant sur air comme sur eau. La proximité de cet entrelacement avec la Kuroïte avec cette manifestation qu’elle devinait illusoire la mettait mal à l’aise. Quand bien même ce n’était pas réel, elle devenait la possibilité qu’elle ne puisse être étouffée par ces êtres faits d’écailles et de chair. La tension du danger, le frisson de l’ingéniosité, se mêlaient alors afin que Sakuya, pourtant loin d’être frileuse, ne voit sa chair devenir de poule. Dans le même temps, face à la multitude de couleurs de l’essaim poissonnier, son fort intérieur fut alourdi d’une boule. Ce genre de sensation a même de ralentir le temps afin de savourer ce que l’on a conscience de ne pouvoir observer qu’une fois dans sa vie.

« Je… je crains que vous n’ayez raison. »

Marmonnera-t-elle audiblement, luttant pour défaire son regard de l’illusion afin de retrouver une harmonie visuelle avec la dame au regard d’or. Quand bien même Sakuya ne pouvait prétendre la regarder sur un pied d’égalité, tout de même étais-ce la moindre des choses de tenter d’y parvenir. Particulièrement quand regarder droit devant-elle n’aurait provoqué qu’une gêne déplacée chez la jeune fleur.

« Comprenez-moi. Je ne suis qu’une mortelle avide d’extraordinaire dans une existence somme toute banale. A l’instar de mes pairs, je possède qualité et défauts. Le principal étant cette obstination à refuser une mort doublée d’un sentiment de n’avoir rien accompli. Mais tout comme je considère mes qualités immuables, l’on ne peut guérir tous les maux dont on a connaissance. N’est-ce pas pour cela que nous nous éteignons et nous ravivons si souvent, de votre point de vue ? Afin de ne pas teindre ce monde magnifique de la laideur de notre âme. »

Face aux accusations dissimulées de la Recluse, la bretteuse avait choisi de paraître sans détour. Elle-même porteuse d’Oeil Divin n’était que trop consciente de la course au pouvoir initiée par ces dons du Père. L’un des propres collaborateurs de son cousin après tout, était le plus friand de ces artefacts. Ainsi, quand bien même Eiji soit au courant du don mis à son service par celle qu’il pense pure étrangère, il ne l’ébruite pas. Simplement car la révélation de ce secret de polichinelle aurait pour conséquence de voir la Lame Fujiwara s’entrechoquer avec celle du Père du Sommeil. La bretteuse, ni pleutre ni douteuse, ne fait que se reconnaître pas encore prête à confronter un tel individu. Néanmoins, si elle doit occire l’ennemi des Dieux afin de recouvrer sa simple royauté, alors elle le fera. En dehors de sa terre natale, cette course aux artefacts ne l’intéressait pas, voilà pourquoi le sien reposait en permanence a l’abri des pans de son hakama. Également, s’il reposait auprès de son cœur, c’est parce qu’elle souhaitait chérir l’une des rares choses la liant encore à cette existence candide qu’elle menait avant le régicide. Ainsi, auprès de la brune sylvestre, la vérité devrait être, sur la forme, légèrement maquillée.

« Cependant, je vous prie de croire que je n’avais nulle prétention à m’accaparer quoi que ce soit en profanant votre sanctuaire ! Mon unique volonté était d’atteindre la Montagne Céleste et de prier auprès d’elle afin que ne s’améliore la situation de ma terre natale. »

Puis, elle se souvint de cet agacement, à peine perceptible dans le regard de la femme, lorsqu’elle eut évoqué le Père de l’Aube auparavant. Pouvait-elle rattraper le tir ? Elle n’allait pas refuser d’essayer.

« Or, mon cœur est tout aussi sujet à l’avidité que celui de mes pairs. Ainsi, en entendant les légendes à votre sujet, ai-je décidé de les braver avec inconscience. En témoignant de votre réelle existence, l’envie d’en apprendre plus sur vous m’a saisie. Ma contrée d’origine regorge déjà de mythes réels comme inventés dont je suis invariablement friande. Aussi veut-je croire que vos véritables desseins, portés à ma connaissance, ne feraient que magnifier cet instant ou folklore et réalité se confrontent. »

Conclura-t-elle finalement, se contraignant d’elle-même au silence afin de laisser s’exprimer la propriétaire de ces bois. Ne lui avait-elle pas déjà suffisamment imposé sa présence et son timbre comme cela ? Pourtant, telle une enfant face à un personnage de conte, la curiosité émanant de son regard demeurait palpable.

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Mer 28 Fév - 23:39

Une rumeur pas si infondée

Cette fois-ci, la Dame écoutera plus paisiblement le récit de son invitée. Les illusions autour d'elles deux continuaient leur valse incertaine dont aucune chorégraphie ne dégageait une grande ordination. La sorcière se cachait bien de dire qu'à chaque forme associée, un être vivant avait périt dans sa forêt, qu'il s'agisse d'un être humain ou d'un animal. Leur compte s'affichait comme important et le spectacle spectral prenait une note plus macabre dès lors que son secret était révélé. Par chance, personne n'en avait jamais rien su.

La Recluse pouvait poser à de nombreuses reprise des regards interloqués sur la kuroïte, bien que vénérable, elle gardait toujours une certaine appréciation envers tous ces peuples plus éphémères et à leur rythme effréné à lutter pour vivre une vie pleine de sens.

C'était aussi douloureux pour elle que de se rappeler à chaque fois que leur triste vie n'alimenterait à la fin pas grande chose d'autre qu'un brasier plus grand qu'eux, qu'un moteur avait besoin d'huile et que la création ne devait pas rester figée trop d'années.

« Vous êtes une boule d'humilité qui trépasse comme la vie des immortels s'efface des mémoires, ne détestez pas votre existence banale, dans la longévité, on y trouve le confort d'un quotidien répétitif et on remplace l'intensité d'un renouveau perpétuel par la lassitude de l'éternel. Je suis un triste produit d'une vie trop longue et de mensonges trop nombreux.

Je vois le monde prendre une teinte méprisante et ne considérons pas pour l'instant l'âme des tous ces pauvres êtres qui luttent quotidiennement pour gagner le droit de pousser à chaque fois un souffle supplémentaire, c'est ce que j'essaye de changer, du haut de mes grands desseins. Voilà tout ce que vous devriez vraiment rapporter si je tenais véritablement à ma tranquillité. »

La sorcière marqua une courte pause, ses doigts balayant l'air pour faire évacuer sa petite mise en scène. Qu'il s'agisse d'un sort inquiétant, c'était aussi la toile et l'art que l'elfe avait choisi de manipuler. Un millier d'années d'études, de lecture, de pratique. Et de petits gens avec un œil divin pouvaient se sentir capable de prouesses comparables après quelques jours à peine. Que c'était grisant pour elle.

« Eussiez vous avoir eu l'idée de me dérober quoi que ce soit, vous n'auriez probablement pas fait plus de pas dans cette forêt sans ennuis. Prenez le tel que cela se présente : un avertissement. Entendons nous cependant, j'exècre la violence, je hais devoir blesser et encore plus mettre un terme à une vie prématurément.

Je sais cependant faire les choses telles qu'elles doivent l'être et cela implique parfois l'usage d'une violence m'étant normalement étrangère.

Enfin... Le folklore n'est bon qu'à faire parler les poètes, je façonne une créature comparable à l'Arbre Gardien du Bosquet d'Ataraxie, jeune fille. Nombreux sont ceux pouvant le voir comme une menace, dès lors qu'ils en mesurent l'impact sur les lignes telluriques. Il n'y a, je le crains, rien à magnifier. »

Acheva-t-elle de raconter brièvement en formant un avertissement peu nécessaire mais toujours bon de rappeler. Son amabilité éclipsait généralement la réalité de ses actes ; la mort habitait ses bois, ceux qui en ressortaient vivants souffraient du biais du survivant et n'y voyait aucun danger, tandis que ceux qui nourrissaient les racines n'ont jamais pu témoigner.

« Si j'en avais le pouvoir, je vous ferais vous détourner de cette montagne stérile où l'on implore aux idiots d'aller pour savoir de qui on devra faire les statues et temples de demain.

Mais je vous en prie, expliquez moi donc ce que vous redoutez tant, qu'avez vous peur de ne pas accomplir ? Ou bien peut-être chassez vous une destiné sans même savoir de laquelle il s'agit ? »

Rajouta-t-elle en faisant miroiter le fait qu'elle en était impuissante, à vrai dire, elle se demandait à quel point ses maléfices de contrôle mental pouvaient durer, arriverait-elle à dominer une âme pour le restant de ses jours ? Quelqu'un d'autre qu'elle aurait-il pu briser le sort ? Autant de questions qui ne trouveraient probablement pas leur réponse ce jour-ci.

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« Abandonne ton corps, mais ne renonce pas à ton honneur. »

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Sakuya Asano

Jeu 29 Fév - 17:42

Une rumeur pas si infondée

L’illusion de sa propre sagesse s’effritait rapidement au contact d’une sylvestre millénaire. Elle qui s’évertue à marquer les esprits de sa rigueur, dans le paradoxe d’une fausse identité, rencontrait en quelque sorte son antithèse. Une existence recluse qui se moquait bien des opinions formulées à son sujet tant que ses actes et son image servaient ses propres desseins. Malgré tout, il paraissait à la fille des îles que leurs buts étaient semblables : impacter leur propre monde au profit des laissés pour compte. Encore que la justesse des mots, comme celle de la vue, pouvait être questionnée dans le Bois-Vivant. La Kuroïte était certaine que nulle part ailleurs en Nymlerith les arbres ne dansaient de la sorte.

C’est que derrière le voile de ses paroles, l’elfe parut assez claire quant à la formulation de sa mise en garde. En ce qui concerne la jeune demoiselle, le seul et unique pouvoir susceptible de l’intéresser est celui qu’elle saurait maîtriser ou rassembler de ses propres mains. Seule manière légitime de s’assurer d’un usage à bon escient de ce même pouvoir, afin qu’il ne noircisse pas le ciel de l’archipel dès lors en reprendrait-elle le gouvernail. Encore une fois, la recluse lui faisant face raisonnait probablement de la sorte, tout le pouvoir qu’elle s’accaparait étant fait levier d’une cause noble. La noblesse d’un acte s’arrête toutefois au palier de ceux dont il mine le quotidien.

Enfin, peut-être la bretteuse avait-elle surestimé son interlocutrice. Sa beauté, la quantité de rumeurs qualifiant son existence et sans doute sa puissance la rapprochaient du statut d’une demi-déesse, à laquelle Sakuya pensait s’adresser de prime abord. A présent qu’elle pouvait rationaliser tout cela, particulièrement en attestant d’une incapacité manifeste à détourner de faibles esprits pour les soumettre à sa volonté, la sang bleu replaçait son hôte sur un piédestal noble, mais tout aussi mortel que sa propre existence. Oh, ce n’était certainement pas la mégère misanthrope qu’on avait pu lui vendre tantôt. Restait toutefois à savoir ce qu’elle accomplirait de ce second Arbre Gardien.

« Si vous en aviez le pouvoir, votre sanctuaire serait foulé par encore plus de sots aveuglés par une soif de puissance si grande qu’ils en perdent la raison. En un sens, votre relative tranquillité est due au fait que vous n’ayez encore mené vos ambitions à bien. Malgré tout, une sotte des îles trouble votre quiétude… et je ne suis qu’un nom de plus sur une liste qu’il est impossible de quantifier, n’est-ce pas? »

C’est sur une nature plus réaliste que le regard de la jeune femme se portera. Les arbres ne dansent plus, les poissons ne volent plus, pourtant ce spectacle est tout aussi captivant pour son âme. Comme apaisée par la douceur du vent face au stoïcisme de la maîtresse des lieux.

« Je ne dirais pas que je chasse une destinée, mais plutôt que celle-ci me mets à l’épreuve. Voyez-vous, quand je suis née sur l’archipel, mes prétentions n’étaient pas grandes. A peine eus-je ouvert les yeux qu’on m’imaginait déjà assumer la fonction de mon père, riche de ce qu’on qualifia de bénédiction. »

Dans un soupir, la noble orientera sa dextre en direction du sol et se saisira d’une feuille que le vent portait non loin d’elle. Les simples réflexes utilisés à cette fin furent surhumains. Ensuite, cette part insignifiante du sanctuaire de la Recluse se verrait plissée, foudroyée par une énergie dont l’origine était divine. Leur provenance, nulle autre que les cinq habiles servant à la bretteuse à manier son arme. De cette manière, la demoiselle attesterait de son pouvoir sans même avoir à toucher au pendentif de jade qui reposait entre ses charmes. Pour une enchanteresse si puissante, nul doute que la confusion entre sorcellerie et œil divin ne puisse être faite.

« Cette bénédiction divise le monde. Entre ceux qui l’utilisent égoïstement et ceux qui pensent naïvement pouvoir façonner Nymlerith à leur image...ce sont sûrement les plus néfastes qui entreprennent de vous visiter. En ce qui me concerne, je n’aspire à rien de mieux qu’offrir à mon peuple une pérennité plus globale que celle présente. Que le niveau de vie ne dépende ni d’une proximité avec le pouvoir, ni d’une richesse matérielle aussi illusoire qu’éphémère. Qualifiez-moi d’utopiste, je vous en prie...je ne le nierai pas. Je pourrai bien vous en dire plus, mais l'on est trop écoutées à mon goût.»

La jeune femme des îles prendrait en exemple une branche, non loin du binôme, sur laquelle reposait un couple d'oiseaux tout aussi intrigué par les deux femmes que ne l'était l'invitée envers son hôte. Une curiosité dont, si elle constitua le motif primaire de sa venue au Bois-Vivant, risquait de voir son innocence ternie. Au plus le timbre sylvestre de la Recluse résonnait dans ses oreilles, au plus Sakuya songeait ne pas être la seule à entretenir un certain secret envers autrui. En ce qui la concerne, ce secret serait en partie allégé seulement, justement pour ce motif.

« Votre pseudonyme de Recluse me fait dire que vous n’aurez que de rarissimes occasions d’ébruiter ce que vous venez de voir. Tout de même… n’auriez vous pas un nom plus flatteur que je puisse utiliser ? Je sais que je n’ai pas répondu à votre question, mais avant de pouvoir vous en dire plus, j’ai besoin de deux choses. Un gage, même minime, qu’une confiance règne entre nous. Ainsi qu’un endroit ou les arbres n’ont pas d’oreilles, contrairement aux murs qu’ils servent à édifier. Pensez-vous que cela soit envisageable, Maîtresse du Bois-Vivant ? »

La simple étincelle qui animait à présent son regard pourrait suffire à indigner son illustre hôte, qu’elle avait jusqu’alors observé en faisant montre d’un profond respect et d’une égale humilité. Or, si le masque de la Kuroïte devait tomber, elles parleraient sans doute plus en égales que ne l’imagine encore l’elfe millénaire.

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Recluse Brune

Ven 1 Mar - 18:21

Une rumeur pas si infondée

« Les noms font partie de l'histoire, qu'ils reposent sur un bloc de pierre taillé ou dans la mémoire fuyante d'une âme mourrante, tout comme un désert est composé d'une infinité de grains, sous-estimer ces anonymes me ferait très vite m'orienter sur un chemin menant inévitablement à ma perte. Je m'inquiète du fait que le monde ne change que majoritairement par un choc violent et soudain, rarement par de longs procédés subtiles et indolores. »

La rapidité qui caractérisa les quelques déplacements de la kuroïte firent se soulever un sourcil inquiété, le regard ambré analysant avec hâte ce à quoi elle venait d'assister, furetant sur chaque dactyle d'où avait émané la foudre divine et qui fit succéder une seconde recherche afin déterminer de quel accessoire du même type aurait pu venir le tel sort. Elle ne remarqua pas de geste du regard, pas de parole prononcée, un mouvement trop léger des doigts pour convenir réellement à une incantation mais se forçait à l'humilité de ne pas connaître tout de tout, encore moins dans les arts aussi complexes et dissimulés des sorcelleries rares, inées ou héréditaires.

Un air étranger s'empara du visage de la Recluse, une mimique pleine de désir face à un pouvoir qu'elle ne concevait pas complètement, qu'il s'agisse d'un œil divin électro, d'une magie unique ou encore mieux, d'un élémentaire, cela faisait se soulever tous les gains potentiels à envoyer une telle créature nourrir la naissance de son arbre.

Une étude qui se dissipa assez vite, la dame ne désirait pas encore assimiler de pareils pouvoirs, la quête avare d'une puissance absolue et immédiate menait toujours à des réactions peu désirables.

« Je vous ferai le discours que je me tiens personnellement, ne doutez pas de vos convictions car vous seriez la première à les faire plier devant le commentaire acerbe d'un autre. Ne défendez pas vos rêves comme un rationaliste n'admire que le réel et déteste l'imaginaire, soyez la naïve petite fille qui croit dur comme fer à ce qui est juste. Peut-être que cela marquera un esprit ou deux, qu'ils partageront ainsi vos convictions portées sans faillir, et enfin un jour verrez vous se matérialiser l'objet de vos désirs. »

Enfin calmée de ses étranges désirs, la Recluse désigna seulement d'une main la direction du chemin, invitant à progresser plus loin dans le bois, en la destination qu'elle viendra préciser ensuite :

« Vous n'entendrez pas mon nom avant le jour de ma renaissance et cela n'est pas négociable. Pour le second point, je peux vous proposer de rejoindre ma demeure aussi simple soit-elle, c'est là que pousse l'Apoptosia, l'arbe divin que j'ai pu évoquer subtilement jusque là, c'est l'endroit le plus calme et le moins susceptible d'être écouté, dussé-je pour cela établir une protection supplémentaire si cela vous semble nécessaire. »

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Sakuya Asano

Ven 1 Mar - 21:10

Une rumeur pas si infondée

Par bien des moyens, le faible ego de la Kuroïte aurait souhaité voir ses propres prouesses susciter l’admiration d’une existence légendaire telle la Recluse Brune. Jamais, sans doute, aurait-elle pu supposer qu’un infime échantillon de bénédiction suffise à provoquer ce résultat. Elle ne le sentit que trop bien, ce pesant regard d’or. Ces iris pesant comme une tonne de métal jaune à même ses menues épaules. Coulant sur son enveloppe comme si elle était un modèle dont on cherchait à immortaliser la beauté. Ou, en l’occurrence, simplement de déterminer de quel artefact obtenait-elle ce pouvoir. Fort heureusement pour la cordialité de leur discussion, tout ceci cessa avant d’être incommodant pour la Kuroïte.

Cette dernière, corroborant en quelque sorte les conseils de l’illustre, assimilera ses paroles sous l’effet d’une curiosité lui faisant pencher la tête sur le côté. Ne pas douter de ses convictions était bel et bien une chose nécessaire. Mais de croire invariablement à ses rêves… aussi loin qu’elle se souvienne, la fille du Shogun a toujours défendu le régime paternel. Force est de constater qu’elle a eu raison lorsque la misère se veut croissante et les richesses plus disparates encore sous l’égide des Huit. Mais pour elle qui apprécie lire, est-ce bien la bonne chose à faire que de retourner à la page précédente lorsqu’on achève l’écriture de la présente ? Non, et elle le sait… remettre sur pieds l’exact Shogunat de son ascendant liguerait de nouveaux Princes-Marchands à son encontre. Quant à l’exact contenu devant noircir la page suivante… c’est en quête d’indices, de mots-clés, que la pieuse souhaitait prier auprès du Patriarche. La sylvestre semble s’être livrée à l’exercice, mais cela n’a définitivement pas la saveur qu’attendait la jeune fleur. D’autant qu’elle ne cachait pas une certaine déception de ne pouvoir nommer son interlocutrice plus dignement qu’une prostrée, une Recluse. Soit.

« Votre demeure conviendra parfaitement, ma Dame. Nul besoin de subterfuge supplémentaire cela dit, je vous sais la plus capable de filtrer ce qui ne doit quitter votre Bois. »

Ainsi, la bretteuse emboîte le pas à l’illusionniste qui fait montre de la dignité de cette appellation. Régulièrement, la demoiselle des îles aimait à se perdre en forêt jusqu’à trouver une scène qu’elle serait à même d’immortaliser de son pinceau. Cette fois, pourtant, le voyage jusqu’à une demeure hors de vue parut presque instantané. Ce paysage, justement, mériterait qu’elle le dessine séance tenante. Là ou architectures elfiques et Méridiennes s’entrecroisent, règne un arbre dont les branches soutiennent une maisonnette. La clairière alentour, aussi charmante qu’irréelle dans sa géométrie, paraissait masquer toute possibilité d’entrevoir cette demeure en dehors du sanctuaire qu’est le Bois-Vivant. Plus qu’une croissance naturelle, Sakuya suppose qu’il s’agit là d’une œuvre de la sylvestre afin de garantir sa quiétude dans sa forme la plus intime. Elle mesure donc un peu plus l’honneur lui étant fait que de voir cette clairière de ses propres yeux. La démarche de la bugeisha, si elle ne masque pas un certain émerveillement devant l’architecture, se veut tout de même proche de son hôte. Plus que quelconque Kuroïte, quand bien même la brune ne soit peut-être pas une divinité, l’Asano sait respecter le sacré qu’est son œuvre. Ainsi prendra-t-elle place là ou il lui serait indiqué de le faire en veillant à conserver plus d’attention envers son interlocutrice qu’envers le cadre de son existence privée.

« Bien… il est des choses qui ne sont pas faites pour s’ébruiter. Comme je vous l’ai dit, tout ce à quoi j’aspire est d’offrir la pérennité à mon archipel. Quand bien même je sois au service d’un des souverains actuels, quand bien même je doive ma place autant à son jugement qu’à mes compétences, je lui suis fidèle mais pas dévote. Ils ont beau critiquer le régime précédent, le leur est tout aussi imparfait. Je sais bien qu’un régime idéal n’est qu’utopie mais je reste convaincue qu’une meilleure alternative exempterait les miens de la misère indépendamment de leur statut. Voilà pourquoi, même si cette course à la divinité ne m’intéresse pas, j’ose penser que ma bénédiction me permettra de fédérer les soutiens nécessaires à cette entreprise. »

Empreinte d’un regard assuré, la demoiselle se verra adresser un franc sourire à son hôte, avant de continuer.

« Peut-être même vous compterais-je parmi eux ? A moins que les raisons derrière la croissance de cet Apoptosia ne soient compatibles avec un désir aussi candide que le mien. »

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Recluse Brune

Dim 3 Mar - 4:27

Une rumeur pas si infondée

La recluse fit alors l'offre habituelle qu'elle laissait aux paysans du coin en entrant chez elle, ses doigts manucurés s'orientèrent vers une chaise moyennement confortable coincée dans une alcove isolée de la batisse transpercée par l'arbre où on trouvait tout le confort minimum pour recevoir quelqu'un. Une table où reposaient de nombreux livres empilés ainsi qu'un service à thé attendait qu'on y partage quelques récits, demandes ou secrets et de l'autre côté de celle-ci, le siège usé de la sorcière attendait son arrivée.

Elle ne perdit pas de temps et commença déjà à préparer son fameux thé, négligé par la précédente visiteuse mais espérait-elle cette fois-ci offrir une tasse à quelqu'un d'un poil plus raffiné et nettement moins versé dans l'exhibition.

« Il risque de m'être difficile de vous dispenser un conseil avisé quant à la situation actuelle au sein de votre archipelle, mais je doute que vous n'en cherchiez vraiment venant de moi ; il est simplement probable que j'ai à vous rappeler qu'une fois le court-terme résolu, vous aurez à considérer ce qui fait le plus grand défaut aux éphémères : le long-terme. Une fois votre monde débarassé des tyrans et des cupides, vous aurez à affronter les dieux qui auront réussi l'ascension et dont le domaine s'étendra bien plus loin que leurs terres d'origine.»

Elle servit ensuite une tasse de part et d'autre de la table, se saisissant de la sienne pour la humer sereinement, préférant stimuler son gout par de nombreuses inspirations discrètes des odeurs de rose lui remontant, de la même façon que pour la précédente dame, le breuvage offrira une consommation raffinée qui semblerait sans doute nettement plus coutumier pour la kuroïte dans ses notes florales, prenant pour équilibrium un point entre l'acide et l'amer quoi que penchant vers le sucré d'une touche rajoutée de quelques dés à l'infusion.

« Je présume que ce n'est pas pour tout de suite, de toute manière. Quant à mon soutien, je ne fais que le faire payer, apportez moi ce qu'il faut pour nourrir mon arbre, œil divin, vie humaines ou puissance pure sous une quelconque forme et vous obtiendrez mon soutien. A vous de définir si votre conscience peut supporter le poids de mon aide. »

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Sakuya Asano

Dim 3 Mar - 23:08

Une Rumeur pas si infondée

Loin des récits louant ou entachant sa réputation, la Kuroïte avait jusqu’à présent eu la chance de pouvoir se dresser sa propre opinion quant à la personnalité de l’énigmatique Recluse. Et lorsqu’elle fut conviée à visiter sa demeure, Sakuya ne songea, entre autres, qu’à une opportunité d’affiner cette connaissance d’une légende vivante. Or, la sylvestre témoignerait de son hospitalité d’une façon correspondant étrangement à ce que l’on pourrait attendre d’elle. Breuvage naturel par excellence, voir une Dame si proche de la nature proposer un thé à son invitée n’avait rien de surprenant. Par chance, la bretteuse venue de l’horizon était sûrement l’une des Kuroïtes les plus réceptives à une simple tasse de thé. Facilité culturelle ou véritable rituel, il aurait été bien malvenu pour la Princesse de refuser une tasse offerte.

« Soyez rassurée, j’ai bien songé au long terme. Néanmoins… je mentirais si je disais que j’avais perçu toutes les facettes par lesquelles cette course à la divinité pourrait nuire à l’archipel. Enfin… nous parlons d’une perspective ou j’aurais réussi mon entreprise et donc évincé toute concurrence possible de ma terre d’origine. J’ose donc espérer l’avoir fait d’une manière ralliant le peuple derrière moi. Croyez bien qu’avec cette richesse en ma possession, nul être du continent ne parviendrait à étendre son influence sur Kuro. Et si je devais ne pas faire l’unanimité… j’imagine que je serais contrainte de me dresser en tant que Divinité protectrice des Kuroïtes et des nains face aux ingérences externes. Je donne sans doute l’impression d’être trop courtoise, mais ma diplomatie à ses limites. »

Soufflera-t-elle, le regard détourné de la dame elfique pour observer la surface tranquille de son thé. Sa simple couleur suffisait à Sakuya pour en deviner l’infusion, mais son odorat viendra confirmer son impression. Après tout.. elle se trouvait dans une forêt aussi illusoire qu’inédite, et la jeune femme n’avait absolument pas la prétention de connaître toute la flore de Nymlerith.

« Un thé à la rose. Avez-vous lu dans mes pensées avant de le préparer ? C’est l’un de mes arômes favoris. »

Parfait équilibre entre les quatre saveurs dont une seule manquait à l’appel, la première gorgée de ce breuvage aurait le mérite d’apaiser davantage encore la conscience de la fine lame. Assez pour que son regard de prune ne fuite vers les alentours, détaillant un peu plus l’environnement dans lequel la paire se tenait. Sur leur table, comme garnissant les étagères, d’innombrables livres avait été accumulés par la Recluse dans une vie incontestablement longue. Comment la Kuroïte le savait-elle ? Simplement en comparant la quantité d’écrits présents à ce dont elle se souvient de la bibliothèque Shogunale, de taille moindre. Son père n’avait jamais été fervent lecteur, mais tout de même. Trop peu de temps à son goût la jeune fleur aura pu fureter innocemment dans le savoir impérial avant d’en être écartée. Lui présentait-on ici une chance de rattraper le temps perdu avec cette dulcinée de toujours qu’est la lecture ? En tout cas, elle ne manquerait pas de la courtiser.

« Je trouve dommageable que les moyens de vous dédommager ne comprennent pas l’enrichissement de votre bibliothèque personnelle. Si longtemps pouvez vous avoir vécu, je suis certaine que mon archipel recèle encore des savoirs susceptibles de vous intéresser. »

Puis, la Lame cessera de contempler l’agencement du lieu, pour observer de nouveau son interlocutrice. Le moment lui parait enfin propice à assouvir la curiosité qu’ont éveillé en son sein les propos tenus par la Recluse auparavant.

« Vous êtes perspicace. Mon âme ne saurait cautionner d’innocents sacrifices pour une cause dont je cerne mal les bénéfices au plus grand nombre. J’imagine qu’il y a dans mes doutes une part de vérité comme d’erreurs, mais le fait est que je ne peux offrir la vie de mes compatriotes sur un plateau d’argent si je veux pouvoir gouverner la tête haute. »

Il serait mentir que nier l’intérêt de Sakuya pour la réelle utilité de cet arbre à la croissance morbide. Toutefois, tant que l’existence de ce dernier ne menaçait pas Kuro, elle n’avait aucune raison de s’opposer à la Sorcière du Bois-Vivant. Affronter de concert une hydre et une puissante ensorceleuse, très peu pour elle. Le Serpent périrait d’abord.

« Par ailleurs, autorisez-moi à rebondir sur votre vécu. Lorsque vous officiiez en tant que Grande Prêtresse… se pourrait-il que vous ayez conversé avec le Shogun ? Comprenez que je serais curieuse d’en apprendre plus sur l’un des précédents souverains du territoire que j’aspire à contrôler. J’étais si jeune lorsqu’il a été lâchement exécuté. »

Trop jeune pour avoir eu le temps de réellement connaître son père, également. L’intérêt insufflé à son timbre trahissait d’ailleurs malgré elle l’importance de cette figure inconnue à ses yeux. Peut-être au-delà d’un personnage historique admiré ?

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Recluse Brune

Lun 4 Mar - 2:49

Une rumeur pas si infondée

La sorcière ne releva rien du premier discours porté à ses longues oreilles, sans doute qu'un détail subtile la faisait garder le silence et elle n'en montra qu'assez peu de signes, comme une vieille personne pleines d'habitudes impossibles à lâcher, elle prit la lenteur de profiter du confort de son siège, d'apprécier son thé chaud au creux d'une main pour réchauffer son corps glacé par la sortie en forêt.

« Je vais garder un semblant de mystère et vous laisser déterminer s'il s'agit simplement de mon thé habituel ou d'un tour de passe et que votre esprit m'appartient au delà de ce que vous pensiez en venant ici. »

Un petit sourire joueur accompagna brièvement la remarque amusée, coulant un zeste de légèreté au milieu des nombreux sujets complexes qu'elles deux purent soulever. Elle scella la vérité en avalant une fine gorgée de son fameux thé, c'était malgré tout une dame vénérable bien installée dans ses habitudes, et le thé semblait être aussi chez elle un rituel sacré.

Pour ce qui fut de la bibliothèque, fureter du regard sur les titres soutira autant de thèmes différents que de savoirs visiblement accumulés par la grande dame, de la biologie à l'anatomie en faisant un détour par de nombreux ouvrages dédiés à la botanique, on listait aussi dans une bibliothèque ancienne la plus célèbre encyclopédie... du siècle dernier mais aussi une série d'ouvrages entretenus par un historien, gentilhomme et érudit célèbre de Qalish qui dressait le bestiaire des différentes terres du monde connu.

Enfin et pas des moindre, la moitié de la totalité des livres restante se trouvait être des ouvrages sur la sorcellerie, qu'on y lise des titres portés vers l'illusion, tout y reposait généralement. Il était alors particulièrement aisé de se rendre compte du savoir nécessaire à forger le moindre sort dans ce monde détestable où des manants se retrouvaient à jouer avec des pouvoirs divins, fort heureusement, la Recluse disposait alors des deux.

« Je comprend votre déception, mais je ne donne pas à mon arbre à manger des bouquins, et ma bibliothèque me satisfait pour l'heure, dès lors, le prix que je demande doit servir directement mes desseins. Qu'il s'agisse d'âmes, de corps ou d'accessoires divins.

Cependant, aussi longtemps que nous ne devenons pas ennemies, je ne suis pas réticente à partager quelques livres et à recevoir. Comme j'aurai sans doute à implorer votre guidance lorsque je quitterai enfin mon merveilleux Bois-vivant pour trouver dans l'Archipel de nouvelles fleurs à récolter. »

La froideur avec laquelle la Recluse s'exprimait à propos de son arbre et de ce qui l'alimentait aurait certes pu choquer une morale fragile, et elle ne laissa pas vraiment le temps de rebondir sur ce fait avant de répondre au songe suivant :

« Je regrette de ne pas être dans la capacité de vous en parler. Pour préciser la réalité qui n'est de toute façon pas bien éloignée, je devais accéder au titre de Haute Prêtresse lors d'une cérémonie rituelle où toutes les prêtresses partagent leur esprit ensemble pour communiquer avec l'Arbre Gardien. Je vous passerai les détails, je les ai toutes tuées. »

Le son de la porcelaine s'entrechoquant lors du dépôt de sa tasse sur son socle contre la table vint mettre un point à sa phrase, les perles d'or composant son regard coulant vers son invitée.

« Cet arbre à la couleur de l'obsidienne est la réponse à cette journée fatidique. »

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« Abandonne ton corps, mais ne renonce pas à ton honneur. »

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Sakuya Asano

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Sakuya Asano

Lun 4 Mar - 9:14

Une rumeur pas si infondée

Empreintes d’immuable formalité, les prunelles de l’invitée avaient tout de même brillé d’un intérêt nouveau à l’évocation d’un père défunt. Une proche personnalité maquillée en personnage de légende, sur laquelle sa fille n’en imaginait pas moins les mythes véridiques faute de source directe en attestant. Tout comme cette lame reposant à sa ceinture, il s’agissait pour elle de perdurer un héritage familial grandement amoindri par le coup d’état des Huit. La réponse de son hôte, qui lui arracherait une moue, serait donc une déception en demi-teinte.

Un succès mesuré également, puisqu’elle parviendrait ainsi à établir formellement quel genre de présents intéressent la Recluse. La jeune bretteuse vient d’une terre ou vie et magie s’entremêlent. Il serait outrancièrement déplacé pour elle de paraître offusquée par la façon dont la sylvestre nourrit son arbre, alors qu’elle en possédait une vague idée concrétisée ici. Néanmoins, l’idée de collaboration ramenée sur la table par l’elfe trouvait un écho assez froid, tel un vent venant du large.

« Hélas, vous comprenez que je ne puisse affaiblir ma nation au profit d’une étrangère. Quand bien même un second œil divin me soit inutile… ceux que les Dieux y créent doivent y rester à mon sens. Vous me faites prendre conscience de ma contradiction. Gravir le Patriarche ne m’intéresse pas, mais avec autant d’ambitieux à même de détenir le monde au creux de leur paume… je me retrouverai tôt ou tard forcée à la concurrence, ne serait-ce que pour éviter l’annexion de l’archipel par une puissance qui voudrait se donner les moyens de surpasser notre marine. »

Un soupir las franchira les lèvres de la Kuroïte. Des conflits, peu importe l’époque. Alors qu’elle le pensait naïvement, la sorcière en face d’elle ne semblait pas différente. Ou bien n’était-ce qu’une version plus avancée de l’image que renverrait la jeune bretteuse une fois pourvue de la responsabilité de faire prospérer son île ?

« L’on dit bien que toute vie retourne à la terre afin d’en créer de nouvelles. Quitte à endeuiller votre patrie, cela vous aura été bénéfique à plus d’un titre. »

Soufflera-t-elle en laissant le dioxygène de ses paroles refroidir négligemment son infusion. Une gorgée coulera ensuite le long de son âme, lui permettant de passer à autre chose tant extérieurement qu’intérieurement. Au fond, peut-être qu’aucune d’elles n’était enchantée par les perspectives à leur disposition pour rétablir le bien commun. Les fables sur la Recluse avaient au moins raison sur un point : difficile d’établir les véritables motivations d’une personnalité si mystérieuse.

« En tout cas, ce serait avec plaisir que je m’improviserai votre ambassadrice dans la découverte de Kuro. J’imagine être une des rares natives à avoir eu la courtoisie de vous rendre visite, cela me désigne naturellement pour cette tâche. »

Et elle allait la surveiller, surtout. Une illusionniste, peut-être une croqueuse d’hommes telle l’entité à l’origine de l’éclatement interne à la famille de la Lame. Si elle devait demander assistance au frère de cet imbu de Kira, elle s’y résoudrait, mais la sorcière comprendrait ne pas pouvoir cueillir de vies Kuroïtes comme l’on ramasse de mûrs fruits en forêt.

« Et cela serait une parfaite manière de sceller la cordialité s’étant établie entre nous. Si l’on ne peut s’entraider, nous pourrons au moins converser afin de ne pas nous opposer. »

Conclura-t-elle avant de reposer sa tasse, allégée de son contenu, sur la table de bois. De cet écho, elle s’imprégnera des pupilles d’or de la sylvestre, dans lesquelles se refléteraient deux améthystes.

« Force est de constater que ce thé ne m’a pas encore fait plier le genou face à vous.. j’en déduis qu’il est habituel et non destiné à m’envoûter de quelconque façon. Ou peut-être ai-je complètement perdu les notions d’espace et de temps. Peut-être ai-je suffisamment imposé ma présence dans vos domaine, ma très chère hôte ? Néanmoins, avant d’être congédiée, j’apprécierais ramener un souvenir du Bois-Vivant avec moi .»

Par souvenir, elle entendra bien sût un des ouvrages garnissant les étagères de la maisonnette. Lorsque son regard s’était promené sur la bibliothèque, un écrit compilant les créatures trouvables sur l’archipel avait retenu son attention. Peut-être certaines informations à-même de parfaire les connaissances de Sakuya s’y trouvaient. Cependant, d’une audace mesurée, elle ne ferait qu’en effleurer la couverture de ses doigts de jouvencelle, sans en découvrir le contenu. Que cela se fasse en compagnie de son hôte ou bien en terrain plus familier, serait un choix revenant à cette première.

« Pensez-vous que je puisse emporter ceci ? Oh, j’y pense… je vous ferai parvenir un échantillon représentatif de thés que l’on fabrique uniquement dans l’archipel. C’est le moindre des remerciements pour votre hospitalité.. et aussi une des rares choses sur lesquelles l’on puisse s’entendre. »

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