Femme de haute stature, le teint de peau si blanc que son épiderme semblerait fait d'une pierre de lune liquéfiée, des yeux d'un azur si radiant qu'ils semblent dépourvus de pupilles, la première chose que l'on peut dire chez Dalas, c'est... Que dans un environnement constitué à l'extrême majorité de gens GRANDS ET PUISSANTS, on ne la remarque pas beaucoup !

Et pour cause, dans une région où l'élitisme semi-barbaresque est couplé à une forme tantôt abstraite, tantôt criarde de xénophobie à l'encontre des Méridiens, ce qui induit à une compétition naturelle, autant se faire remarquer, en bien.

Un visage à la fois dur et noble, mais malheureusement loin d'être adouci d'une quelconque manière. Ses traits sont anguleux, et naturellement froncés, ce qui contribue largement à cet air de sévérité qu'on lui souligne depuis son plus jeune âge. Avec le temps, ceux-ci n'ont fait que se renforcer, jusqu'à ce que finalement, son air le plus neutre se confonde avec l'impression d'être constamment épié, jaugé, jugé, et selon les plus sensibles - ou paranoïaques, détesté.

Le corps de la guerrière est une conséquence de vie militariste poussée à son paroxysme, si elle ne souffre pas de dimorphisme, sa condition athlétique est plus que visible. Large d'épaules, des bras musclés, une ceinture abdominale profondément dessinée, et de vraies cuisses de gazelle. Toutefois, elle en demeure une femme, - donc loin d'être une planche à pain, les esprits les plus éclairés et créatifs sauront se faire un tableau peu ou prou fidèle.

Toujours soignée, ordonnée et méticuleuse, tant dans ses prérogatives que son accoutrement, sa coiffure immaculée mi-longue est toujours impeccablement plaquée en arrière, soit bien souvent nouée en une queue-de-cheval. Jamais l'on ne lui jettera l'opprobre pour un manque de discipline ; aucun mot plus haut que l'autre, le respect envers ses supérieurs, l'aîné, et l'autorité quant à ses subordonnés est toujours de mise, et son armure, elle, est toujours propre comme un sou neuf. - Hormis dans certaines situations, comme un théâtre d'opération en plein milieu de la mêlée ou des zones qui se prêtent à la saleté, on demeure guerrier, pas mannequin de mode !

En-dehors de cela, le corps de Dalas est une mosaïque dédiée à l'art, pittoresque - et souvent peu accueilli de bon cœur, des cicatrices. En effet, si la Halogienne venait à se retrouver torse nu, la première chose, -c'est qu'on vous dirait, olah, prenez une chambre !-, la seconde, c'est que peu ou prou aucune parcelle de corps n'est exempt de blessures, cicatrices, lacérations, estafilades, et autres souvenirs témoignant d'une vie bien trop souvent mouvementée.

La seule exception demeure son minois, fabuleusement préservé par les aléas du sort, hormis la présence d'une balafre lui courant le long de l'oeil gauche.



La psyché de Dalas est d'une complexité terriblement humaine, entendons par-là qu'elle contient son lot d'évidences, mais aussi une bonne partie de caractéristiques difficilement cernables, et parfois même contradictoires les unes des autres.

Premièrement, sur le domaine purement martial, la barbare est convaincue qu'il n'existe pas meilleure forme de combat que celle portée par l'honneur, sans artifices, coups fourrés, ni diversions. Sans doute s'en était-elle persuadée, au début du moins. Comme s'il y avait quelque chose de majestueux et respectueux d'égorger son adversaire après une passe d'armes, tant qu'on le regarde dans le blanc des yeux ? - Mais le temps passant, elle finit par accepter de plus en plus l'évidence, qui échoit à beaucoup de guerriers ; ce n'est pas tant l'aspect juste et égal d'un combat qui lui plaît, mais l'adrénaline que cela procure.
Se trouver sur la corde raide entre la vie et la mort, le feu de la passion dévorant les entrailles, les doigts se crispant à en blanchir sur la poignée d'une lame, être conscient, constamment, que la moindre erreur d'inattention peut sonner le glas, comme une Épée de Damoclès se décidant enfin à chuter, c'est plus que galvanisant ; c'est une drogue.
Tout comme elle est capable de se montrer incroyablement altruiste envers un adversaire qui s'est montré digne, en lui offrant sa clémence, aussi bien qu'elle est tout à fait disposée à le décapiter sans autre forme de procession, quand bien même la situation est exactement semblable d'un cas à l'autre. Cela dépend de tout, et de rien.

Mais tout cela n'altère en rien sa propension à la loyauté. Ses compagnons seront toujours ravis de pouvoir compter sur elle pour les défendre, au péril de sa propre vie, même lorsque les chances de s'en sortir sont infimes.
Ainsi, Dalas est-elle une véritable guerrière, ou simplement une tueuse ?

Sur le sujet de sa patrie d'origine, Halogia, la barbare a toujours vu d'un oeil plus ou moins circonspect la sororité des glaces, bien qu'elle se tienne loin de tout ce qui concerne la vie politique. À titre purement personnel, elle considère qu'Halogia s'en tirerait mieux sans cette organisation, convaincue que la force primordiale de l'Homme réside dans la notion de choix, et liberté, pour le meilleur comme pour le pire. Les institutions régissant la vie en société sont un frein à l'épanouissement de l'Homme, et le brident sans même s'en rendre compte, par le biais de l'éthique, l'étiquette sociale, les lois et règles, et les normes acceptables. Certes, il est parfois nécessaire de recourir à certaines dispositions pour s'assurer un minimum du maintien de l'ordre, mais en somme, moins il y en a, mieux c'est, bien qu'elle se plie à l'ordre établi malgré tout, bon gré mal gré.
Oui, sa conception de la chose est très archaïque, heureusement qu'elle ne dirige pas le pays !!

Quant à ce qui ne la concerne qu'elle, Dalas est femme de peu d'expressions. Une autre conséquence d'une vie militariste, et de décennies à ne se focaliser que sur la perfection de son art, le combat. Elle a malgré tout apprit l'art de la rhétorique, et a étoffé sa culture et ses connaissances au fil du temps, via ses précepteurs ou tout simplement par la grâce des bouquins, et donc, si elle est tout à fait capable d'entretenir une conversation ou un débat, il est chose bien rare de la voir sourire, ou rire. Non pas qu'elle soit profondément dépressive, plutôt que les occasions d'en profiter sincèrement se sont révélées trop rares, et aujourd'hui, complètement désuètes.
Cela ne l'empêchera pas de glousser discrètement si quelqu'un lui sort la blague du siècle, ou si elle aperçoit un individu glisser sur une peau de banane. On demeure humain, pas totalement immuable même vis-à-vis des traits de l'humour !

Plus douce aussi qu'elle ne pourrait le laisser penser sous cette apparence de brute quasi stéroïdée, son coeur n'est pas de pierre, et encore moins de glace, bien que pour des raisons évidentes, nous allons nous garder d'exemples et laisser ses futures histoires illustrer cette partie de sa psyché, - au moins fallait-il le souligner.

Elle méprise énormément les porteurs d'Oeil Divin, mais à la différence de la majorité de son peuple, non pas par appréhension pour leurs pouvoirs, ou l'aura de terreur qu'inspirent les Eiskloster, mais tout simplement parce que son amour propre, l'estime qu'elle porte à elle-même, couplée à, on ne va pas se le cacher, une *petite* dose d'égocentrisme, l'ont poussé à ressentir une forme de jalousie à l'égard de ces individus, et de rancune vis-à-vis du Père de l'Aube, là où elle s'est rendue compte qu'en n'étant pas digne d'en recevoir un à son tour, sa destinée n'était jamais vouée à être spéciale.
Du moins pas spéciale à cette échelle.

Aussi, une autre conséquence d'une vie ne laissant peu ou prou aucune place à l'épanouissement personnel, prend la forme de voix, se mêlant, dans sa tête, à la sienne. Non, pas d'esprit, de démon, de fantôme, et encore moins de dieu. Simplement des voix. Ce qui pourrait s'apparenter à une forme de schizophrénie ou toute autre maladie mentale caractérisée par cet aspect, n'est qu'une manifestation de son propre esprit, à force de n'avoir personne d'autre qu'elle-même à qui parler et se confier pendant de longues, très longues années, bien qu'elle n'en soit pas encore à l'étape ; "Dessiner un sourire et des yeux sur une noix de coco et l'appeler Wilson".
Dans une autre vie, en d'autres circonstances, sans doute aurait-elle été plus "normale" sur ce point. Cela lui éviterait le désagrément d'avoir à se débrouiller pour expliquer pourquoi on l'a surprise en train de parler au vide, face au mur.

En somme, Dalas est une femme à la fois simple et complexe, difficile à appréhender et encore moins à cerner, mais loin d'être antipathique, et même franchement attachante, en plus d'être un compagnon sur lequel on peut compter.




Née en l'an -10, Dalas provient d'un clan mineur, d'une très moindre importance vis-à-vis de grands noms comme les Bluthund ou les Feradler. Ceci ne l'empêcha pas de s'élever parmi les siens, très tôt.

Son père était un guerrier jouissant d'une renommée somme toute assez prestigieuse parmi les siens, et ses voisins, s'illustrant principalement lors des rixes et escarmouches contre les pirates de Port-Liberté, à l'époque où ces marins étaient libres de mener raids et pillages où bon leur semble. Le butin de bataille lui permit de financer l'éducation de sa fille, ne pouvant en prendre la charge lui-même au vu de ses responsabilités, en engageant un précepteur maître d'armes, l'initiant d'abord, puis la professionnalisant dans la maîtrise des armes, telles que les épées longues, claymores, haches, et tout ce qu'on fait de plus brut et stéréotypé pour une culture que les autres peuples désignent comme "barbare". Tout ceci ne l'empêcha pas de passer un temps tout à fait acceptable avec sa fille, nouant un lien fort avec cette dernière, son amour et sa tendresse infinies, malgré sa sévérité.

Sa mère quant à elle, était tisserande. Femme plutôt discrète, de peu de mots, loin du physique parfait tel qu'on se le représente. Sa force se trouvait plutôt dans son intellect, surpassant largement la plupart de ses compatriotes, à tel point qu'on finit par se demander comment ces deux-là s'étaient retrouvés ensemble. Elle en profita pour parfaire l'éducation de sa fille sur son mental, laissant aux hommes la joie de lui développer ses muscles.

Malgré tout, ce n'était pas le rôle modèle auquel Dalas pouvait, ou sut se rattacher. Un fossé a toujours existé entre elles, sa mère prenant soin de maintenir une distance de sécurité entre amour, émotions, pragmatisme et détachement. Elle n'en sut jamais la raison.

En l'an 0, après la disparition des Dieux, et l'anéantissement du clan Bluthund, Dalas fit ses premiers véritables pas, bien qu'encore loin d'être en capacité de véritablement comprendre ce qui se tramait autour d'elle, tant au niveau divin que politique. Elle accueillit la nouvelle du clan Feradler avec un net désintérêt, de toute façon trop jeune pour en saisir toutes les machinations, et bien trop concentrée à la tâche ardue mais satisfaisante de faire la fierté de son père.

Tandis qu'elle prenait de l'âge, qu'elle grandissant, que son corps se développait, elle affinait ses compétences à la joute, jusqu'à être en âge, peu avant sa majorité, d'être présentée au Dos du Père, le fameux site sacré, pour être mise à l'épreuve avec les autres jeunes guerriers.
Sans surprise, et en l'absence de facteurs négatifs, l'hardiesse et le sérieux dont elle fit preuve tout au long de ses années de préparation l'ont mené à remporter chaque épreuve haut la main, battant parfois largement, parfois de peu ses semblables, mais ressortant chaque fois victorieuse.
Et pour cela, elle ne le devait ni à un jugement favorable, ni à une intervention divine, mais à ses propres capacités. Capacités qui, confirmées, seraient dès lors employées à être perfectionnées, encore, et encore.

Ainsi, ce n'était pas chose surprenante qu'elle s'engage en qualité de guerrière. Vêtue d'une armure lourde, épée ou hache aux mains, la voilà qui était prête à faire ses véritables preuves, là où elle risquait véritablement de tout perdre, mais aussi enfin de montrer à son père qu'elle est la digne guerrière qu'il voyait en elle.
Participant ici et là des missions variées, comprenant aussi bien de l'escorte d'un convoi de ravitaillement, que de la reconnaissance, ou simplement d'une expédition punitive envers un groupe de bandits, mutins, ou envoyés pour exterminer des prédateurs menaçant de s'approcher trop près des quelques villages existant, les occasions n'étaient pas rares, et bien vite, Dalas gagna en réputation.
Dès lors, on célébrait les victoires de son groupe, une chope à la main, vantant les prouesses de chacun, dans la joie, l'ivresse et l'allégresse, sans oublier de souligner les performances de l'inénarable promise à une grande ascension dans la société d'Halogia.
Mais Dalas était toujours en retrait.
Toujours seule, à l'ombre d'un arbre, le regard mélancolique.
Perdu vers l'horizon.

Ce n'était pas assez. Peu importe à quel point elle excellait, chaque victoire lui était d'un goût doux-amer sur le palais, comme si elle pouvait faire toujours mieux, et en cas de défaite, ce n'était pas un manque de chance, ni la simple résultante d'un ennemi trop puissant, trop bien organisé, discipliné, mais un poids, de culpabilité, mué par la sévérité éprouvée envers elle-même.
On ne lui a jamais apprit à se satisfaire de ce qu'elle avait, ni d'accepter les choses telles qu'elles sont. Encore moins de dire "Stop, c'en est assez". À force de lui faire viser la perfection, elle finit irrémédiablement par n'attendre rien de moins que cela. La lacune primordiale dans son éducation, entre les joutes, passes d'armes, les longues sessions d'oration à l'écoute de sa mère, les piles de bouquins dévorés, c'est qu'on a oublié de lui apprendre à vivre, et à profiter de l'instant présent.
Telle une fleur qu'on aurait gavé, et gavé d'eau, entretenue dans l'unique but de la présenter majestueuse, sur le plus beau des parterres, où ses pétales brillent intensément à la lueur du soleil, mais dont les filaments se révèlent pourris, et rongés.

Poursuivant ainsi de longues années encore, c'est lors de la Nuit de l'Espoir, en l'an 20, en son trentième anniversaire, qu'une cruelle vérité lui apparu au visage ; elle n'était pas digne de l'Oeil Divin.
Elle n'en n'a jamais désiré un, pas plus qu'elle n'y aspirait, mais à la différence de ses semblables, elle s'en pensait naturellement digne. Comme si c'était un droit, une récompense de vertu au vu des efforts déployés tout le long de sa vie, qui finalement s'avère n'être qu'un mirage dissipé par une bourrasque trop violente.
Là où les autres accueillirent la nouvelle de Meridiem avec convoitise et jalousie envers ces sous-hommes, elle, ne ressentit que frustration, et rancune. À la fois à leur égard, mais aussi envers le Père de l'Aube.

C'est ainsi, après une longue semaine d'introspection mêlée de chagrin, qu'une nouvelle flamme de détermination brilla dans ses yeux azurés.
Renonçant à son titre et ses prérogatives de guerrière, elle embrassa la vie du mercenariat, vendant ses services au plus offrant, et en profitant pour découvrir de nouveaux horizons, bien que sa fidélité envers sa nation demeure, pour l'heure, inaltérable.
Si le Père de l'Aube ne la jugeait pas digne, qu'à cela ne tienne. Elle montrerait qu'elle n'a pas besoin de l'approbation d'une quelconque divinité pour se forger une destinée au moins aussi prestigieuse et digne d'être narrée.

Elle a voué sa vie à la quête de la perfection, il en est de son droit le plus légitime.
Celui d'une simple femme parmi les plus grands.
Son destin et son droit, et son droit seul.

Il n'y a pas à dire les femmes fortes d'Halogia font toujours leur effet, mais elles sont très rares en-dehors de leur propre nation.
Autant dire que les yeux se tourneront vers cette mercenaire étrangère, par admiration, crainte ou goût de l'exotisme. Mais qu'importe tant qu'elle représente fièrement ses terres.

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