Quoi de moins visible que deux pillards qalishis dans une jolie campagne du nord ? Pas grand chose, c'était une question rhétorique, surtout vu ces deux là. Un guerrier au sabre, encarapaçonné dans une armure d'or et de noir qui couvre chaque once de son corps, dépassant légèrement les deux mètres et à ses côtés, un plus petit belliciste au sabre, couvert d'une armure de cuir et d'un voile sombre qui couvre sa tête, sauf quelques petites mèches ébènes qui sortent çà et là.

Les deux comparses traversaient un paisible petit village quelconque du Repos de l'Automne où les villageois étaient en pleine période de moissons, occupés à marchander dans tout les sens, transporter des marchandises et autres et surtout à dévisager nos deux protagoniste au fur et à mesure qu'ils progressaient sur leur chemin. Un sentiment qui ne manquera pas d'agacer l'un d'entre eux.

- "Khan, autant débarquer avec la cour toute entière à ce stade-ci, vous ne pensez pas ? On a oublier les bannières, les musiciens et surtout Aar-"

Le plus grand des deux donne une tape sèche dans la nuque du plus petit, cessant toute complainte de la part du guerrier voilé qui pousse un long soupir en réponse.

Et en peu de temps, les deux comparses arrivent enfin à une petite taverne dans le centre de la bourgade, peu animée à cette heure ci de la journée, il n'y a que quelques fermiers qui prennent un court repos avant de reprendre leur dure labeur. Vous ne pouvez imaginer la stupeur sur le visage du tavernier qui voit nos deux pillards rentrer dans la taverne et s'approcher avec confiance du bar.

- Tavernier s'il vous plaît, deux verres de votre meilleur alcool.

Le casque du commanditaire tombe enfin, révélant notre bon Khan, le regard austère et méfiant, deux billes albâtres qui glissent à travers la pièce pour chercher n'importe quelle anomalie. Le voile à son flanc aussi tombe, montrant Héron, le disciple du Khan, un Qalishi à la peau mat et aux cheveux bruns, qui se démarque par ses deux yeux dorés. Outre ça, lui a l'air bien plus détendu dans une telle situation, se permettant même un léger sourire alors qu'il réajuste à sa taille son sabre pour être plus à l'aise.

Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre.

Le tavernier s'activa sans perdre une seule seconde, vêtu d'une tenue grossière faite en peaux de cerfs et d'un tablier tâché par du sang comme du vin. Il dépassait les deux mètres vingt et ressemblait presque à un minotaure, lorsqu'il vint vous apporter vos boissons, sa carrure seule suffisait à mettre à l'ombre les deux qalishi assis ici là. Et tant bien même il semblait intimidant, il vous souhaita un bon gueuleton d'une tape amicale sur vos épaules respectives...

Pendant ce temps la faiblesse de son Clan poussait le Lord à prendre des décisions somme toutes bien étranges. Elle n'était pas aussi renommée que les Feradler, et ne disposait en aucun cas de la stabilité des Stalhbar, qui trônaient aux cimes depuis des lustres.

Non, ce qui différenciait le Clan du Loup, c'était sans nul doute la hargne qui avait habitée chacun de ses membres, comme une bête galeuse refusant toute reddition. Ainsi, cette rage alambiquée l'avait conduite à entretenir une correspondante avec un certain "Khan", il se prétendait être le Roi de Qalish, tout du moins, son plus digne successeur. Et elle avait besoin d'alliés pour reprendre l'Empire d'Halogia, un jour, elle deviendrait l'Impératrice incontestée du Nord.

C'était étrange car aux dernières nouvelles, c'était une monarchie de droit divin qui gouvernait ces terres arides, enfin, les étrangers se disputaient si souvent qu'elle n'était pas vraiment certaine de ces informations. Puisqu'elle était sur son territoire, sa venue à cheval ne manqua pas d'avertir ses sujets, par des révérences, des félicitations et toute les autres formes de politesse que l'on pouvait à un Lord.

D'une allure aussi glaciale que ne l'était le climat, le démon pénétra dans la taverne, se délestant de son manteau au premier garde venu, ainsi que de son arme. Ses invités avaient le don de sortir du lot, le corps sec et hâlé, la chevelure noire et ensablée, et surtout ces attributs félins qui coiffaient le chef du Khan comme ne l'aurait fait une véritable couronne.

Sans s'annoncer, elle tira une chaise pour s'asseoir en face d'Eren, puis ajouta...

Un petit frisson parcours l'échine de l'homme-bête quand la tape amicale vient lui heurter l'épaule. C'est vrai qu'il n'était censé être personne ici, encore moins un fameux seigneur pillard, surtout pour les brutes du coin. Quand même un tavernier dépasse le Jeune Roi...

Les deux émissaires ne pouvaient prendre qu'une gorgée de leur boisson, manquant d'ailleurs de s'étouffer vu la puissance certaine de l'alcool nordique, avant que la fameuse Bluthund n'apparaisse devant leurs yeux, le duo restant ébahis quelque secondes. Mais dans une voix solennelle, presque militaire, le Héron, le disciple, commence la présentation ;

- Vous avez devant vous Khan Eren Ulankhan, Fils de la Tempête, Jeune Roi des Bat-le-Désert et futur Kaghan de tout Qalish et ses étendues. C'est un honneur de vous rencontrer, Lord Bluthund. Je suis Héron de la maison Karaman.

La présentation aura été plus courte plus le petit noble qui venait d'une maison marchande de l'Oasis, sûrement inconnu complètement en Halogia. Tout du long, il aura été observé par un mentor qui sourit légèrement, donnant une certaine aura de bienveillance à la brute avant qu'elle n'assène une puissante tape dans le dos de son apprenti, suivit d'un rire gras.

- Tu es digne de ta famille petit noble mais il va falloir perdre ces manières.

Eren se racle la gorge, reprenant une posture droite et fière devant la noble.

- Je voulais une réunion un peu plus discrète qu'une grande entrée dans votre cour. Accueillir ce qui est considéré comme des bandits pour la plupart des gens risque de faire tâche et si je ne prend pas assez de pincettes, je risque d'avoir des problèmes chère Lord, je reste un homme recherché. Mais là n'est pas le sujet voyez-vous, vous avez sûrement autant besoin de moi que j'ai besoin de vous.

D'un air assuré, avec même une pincée d'égo mal-placé il prend une grande rasade de son verre, tenant un grand sourire juste après qui trahit la grande douleur que cause l'alcool qui passe dans son œsophage.

Asta gardait son calme, elle ne pouvait pas fermer la porte à de nouveaux alliés, et elle comme lui avaient tout deux l'air de chiens blessés qui tenterait de se lécher mutuellement les plaies. Lui n'était qu'un vulgaire roi des voleurs sans une once de légitimité tandis qu'elle n'était plus que l'ombre de feu le Clan du Loup.

Elle retira son manteau à fourrure, aussi à l'aise que possible dans cette auberge appartenant à un petit patelin de son domaine, et se dit alors qu'elle devait en premier-lieu s'assurer des possessions du Khan, combien d'homme avait-il, qu'espérait-il d'un Royaume nordique tel que le sien.

Elle n'était pas si grande pour une représentante des premier-homme, et si ce n'était pas dû à sa forte corpulence mêlée à ses oreilles pointues dépassant légèrement de ses mèches pour tomber vers le bas, personne n'aurait pu le deviner. Sur ses bras épais et galbés de muscles digne d'une puissante combattante se dévoilaient d'obscurs tatouages luisants de quelques reflets écarlates. Ses mains s'assombrissaient jusqu'à ses avant-bras dans un fondu transitoire jusqu'à retrouver son derme cadavérique en opposition avec le teint sable de son invité.






Elle lui sourie comme pour le tester jusque dans son assurance qu'il se targuait pourtant d'avoir. Les hommes comme lui, jouaient les durs à cuir, mais ils s'écrasaient tous devant une vraie femme lorsque le moment se présentait.

Dans toute la taverne, le rire à gorge déployée du Khan peut-être entendu jusqu'au point ou la voix grave en résonne sur chacun des murs. L'air de rien, une grande rasade de la boisson d'Eren est avalée d'un coup, couplé par un grand soupir de satisfaction et un sourire heureux.

- "Je vous aime bien Lord, vous avez du caractère. Mais je ne suis pas là pour des jeux de nobles, si j'avais voulu marier l'un d'entre eux pour légitimiser ma cause simplement j'aurais pris la main de cher mon apprenti. La maison Karaman a le potentiel d'avoir son poids dans la scène aristocratique."

La main de celui-ci est saisit, Héron restant complètement stoïque. C'est là qu'on voit son éducation à la qalishi briller, il opine seulement légèrement de la tête pour confirmer les dires du Jeune Roi, qui continue;

- "Je serais le souverain de Qalish, c'est sûre, mais j'obtiendrais le trône par la force, je le sais, jouer aux chevaliers ne m'apportera rien." Son buste s'incline doucement vers la Lord. "Ce que je peux apporter toutefois c'est deux mille cinq cents pillards qui combattent depuis leur naissance, dont cinq cent cavaliers, en plus évidemment de tout l'argent de la contrebande et du pillage."

Enfin, le breuvage sera achevé par une finale gorgée, le Khan lâchant la main du jeune noble pour lui saisir l'épaule.

- "Vous voyez Héron ? Il a fuit sa belle famille uniquement pour rejoindre les fameux Bat-le-désert, l'armée insaisissable. Dès son premier jour, il a inauguré son magnifique sabre forgé dans les meilleurs aciers de l'Oasis en remportant son premier duel. Mes hommes valent le double d'un simple soldat, ils pourront vous être utiles."

Eren montre un grand sourire fier, torse bombé, pendant que son apprenti relève légèrement le menton, fière de son parcours. La culture du combat était primordiale chez les Bat-le-désert et tout type de pouvoir ou de prestige découlé des performance sur le champ de bataille, la logique étant que, vu la taille des premiers-hommes, de tels géants devait bien comprendre la loi du sang.

En voulant le piquer dans sa fragilité masculine, c'était elle qui se retrouvait à rougir et à se sentir mal à l'aise en le voyant courtiser son bel éphèbe qui ne pouvait qu'acquiescer tendrement à ses avances. Malgré ses joues rouges comme le paysage, son visage restait de marbre, elle faisait de son mieux pour ne montrer aucun signe de faiblesse sinon ceux qu'elle ne pouvait pas contrôler.






Elle savait bien qu'il s'était un minimum renseigné sur la situation en Halogia, et sa demande était intelligente, elle n'avait aucune amitié avec la Dynastie en place, ni même avec les hommes bêtes, les terres bien que jouissant d'un décor réconfortant, n'en avait de chaud que les teintes. Pour cela, le Lord pouvait au moins féliciter la hargne du Khan de s'être déplacé jusqu'ici pour quémander son aide.






Dit-elle alors avec une forme de sévérité ampli de son habituel pragmatisme. Non loin s'en faut pour le Lord de vanter les mérites du Clan Bluthund quand il le fallait, mais elle n'imaginait pas un seul instant diriger ses hommes à travers les dunes, de plus...






Ainsi, elle espérait savoir ce que le Khan pouvait bien attendre d'elle, elle ne doutait pas de la beauté de son offre, en vérité, avoir des brigands sans foi ni loi serait un ajout de choix à son armée. Elle aimait ses hommes, mais l'honneur dont ils pouvaient se targuer les affaiblissaient terriblement, cette tradition... Astaroth n'en avait que faire, il utiliserait chaque vie à sa disposition pour assouvir la vengeance de son hôte afin que plus jamais elle ne beugle. Ainsi, le corps de cette jeune femme serait définitivement à lui et le contrat serait honoré. Alors, il serait libre de faire ce qui lui plaît, comme s'élever au rang de Dieu pour commencer ?

Héron sera complètement lâché, venant calmement enfin commencer à boire sa boisson dans son coin, non sans quelques visages renfrognés à certaines gorgées.

En tout cas, ce qu'Asta disait plait visiblement à notre Khan qui ne cesse d'agrandir son sourire, au point de révéler ses canines pointues pour lui donner un air des plus charmants. Il savait que les hommes du nord avaient la même façon de pensée que lui et cette discussion venait de lui prouver.

- "Tout ce dont nous avons besoin c'est que mes hommes puissent avoir libre accès à vos terres. On peut venir écouler nos marchandises, fuir les autorités quand besoin, avoir toute une région sûre pour importer des marchandises, en échange, vous pouvez nous appeler pour appliquer la force là où il le faut."

Son index vient appuyer sur le côté de sa gorge.

- "On coupe la mauvaise herbe, ce ne sont pas nos terres de toute façon, nous n'aurons aucun remord, on ne tue pas nos frères, juste des cibles."

Alors Eren s'approche de la Lord et saisit sa dextre de la sienne, relevant celle-ci au niveau des torses avant de continuer;

- "Tout ça n'est évidemment que les grandes lignes de l'offre, les petites lignes peuvent se rajouter au fil du temps selon les besoins et les envies de chaque, afin évidemment de faire prospérer nos intérêts."

Aussi simple que ça, vraiment. Les Bat-le-désert étaient des guerriers nomades, sans attache à aucune terre. Tant que leur appétit de combat et d'or était assouvit, ils pouvaient être déployés n'importe où, appliquant terreur et brutalité partout où ils pouvaient passer sans aucun effet sur leur moral. Puis, un village pillé ou deux par représailles, qui ça dérangerait vraiment ?

Astaroth lui souriait en retour, lui serrant la main aussi fort qu'elle en était capable comme le ferait deux hommes, deux fauves, dans une poignée aussi masculine que possible. Il voulait donc faire du Repos de l'Automne son petit réseau de contrebande pour échapper aux autorités Qalishi, ça semblait alléchant, et le lord n'y voyait pas même un inconvéniant, sinon où les loger. Fallait-il héberger ces deux-mille-cinq-cent hommes au Castel, ou est-ce qu'ils allaient construire leurs propre toît. Ainsi, une idée lui caressait doucement les méninges.






Elle lui souriait toujours au nez, mais son expression devenait petit à petit sadique, comme si un plan de génie prenait naissance sous les yeux du Khan. Elle n'attendait pas même une réponse de lui, c'était une question rhétorique en vérité, dans sa réflexion, elle ajouta ainsi ;






Sa main s'extirpa de la sienne pour coudre ses lèvres charnues d'un geste de l'index afin de marquer un court silence avant de vous faire un prétentieux clin d'œil.






Un passage directement à l'intérieur de ce monument sacré, le blasphème n'était pas un problème pour le démon, c'était une occasion idéale d'obtenir un passage secret jusqu'aux terres Qalishi, peut-être même jusqu'à Meridiem. Un réseau uniquement contrôlé avec les brigands avec qui ELLE serait alliée...


C'était trop beau pour être vrai, sa propre horde de bandits prête à frapper au moindre instant, il suffisait simplement de leurs promettre asile. Elle, et il, démon comme jeune femme ne pouvaient refuser une telle opportunité.

Alors qu'il semblait presque être rentré dans une sorte de méditation, concentré sur sa boisson, Héron manque soudainement de s'étouffer en entendant le plan blasphématoire du démon. Les yeux dorés du sabreur écarquillés, il guette tour à tour les réactions des deux interlocuteur mais plus particulièrement celle de son maître.

Cela va sans dire qu'évidemment qu'Eren n'est pas le plus pieu dans son genre. Mais même lui trouvait ça un peu trop, surtout pour le simple fait de se mettre les religieux à dos alors qu'il n'avait pas la place de rajouter encore plus de cibles à son pauvre dos. Puis, tout le côté tactique et logistique, le fait que le Père de l'Aube s'était remis à briller...
Héron pouvait donc bien voir son professeur en pleine réflexion, une mine mélangée entre la confusion et la curiosité. Une curiosité envers ce qui pourrait bien découler de tout ça. Une punition divine ? La fin du monde ? Personne n'osait vraiment toucher le Père de l'Aube, donc qui sait bien ce qu'il pourrait se passer.

- "Tout ça me semble tentant Lord mais est-ce vraiment judicieux ? Un tunnel dans l'endroit le plus fameux au monde, ça devrait vite se voir non ? Non pas que ce ne soit pas tentant, loin de là, ce serait bien plus simple de se déplacer en caravane directement jusqu'ici plutôt que de devoir tout transporter en bateau, mais est-ce que tout ça n'apporterait pas plus de soucis que ça n'apporte de solution ?"

Vocaliser ses inquiétudes n'arrange pas vraiment la situation, poussant à plus de questions que de réponses. Tout en regardant sa choppe vide, Eren lâche une expiration, commandant au tenancier à nouveau la boisson locale sans pour autant se retourner.

- "Lord Bluthund. Si vous arrivez à me convaincre que votre idée et fiable j'accepterais sans douter mais, je tiens à la vie de mes hommes. Je ne peux pas risquer leur vie pour des rêves irréalistes."

Lui répondit-elle alors avec intérêt et amusement, poursuivant en faisant signe à l'aubergiste d'un geste sommaire de la main rappelant les heures sombres de notre histoire.





L'homme bien portant gardait un regard inquiet, s'inclinant pour agir, mais dont l'état pouvait contraindre le roi sauvage qui faisait face à la louve, elle tenait pour le moins son peuple en laisse. Pourtant, de ce que vous aviez vu, le Repos de l'Automne était bien au-delà des préjugés que l'on pouvait se faire d'Halogia... La vie s'y épanouissait, se teintant d'une couleur solaire, de nombreux animaux peuplaient ses pins orangés et les gens y semblaient heureux et bien portants. Peu importe comment le Lord s'y prenait, il s'y prenait bien pour nourrir ses sujets. Ainsi après quelques instants, ils vint porter une trois choppes de plus, débarrassant au passage les qalishi de leurs couverts vides.






Puis, d'un soupir elle désigna la table qui séparait les trois individus d'un revers de la main, leurs indiquant qu'il était peut-être temps de manger !

Il était vrai. Les dieux étaient de toute façon morts, n'est-ce pas ? Ce n'est pas comme si un jugement divin allait s'abattre sur lui de toute façon, même si le Père de l'Aube brillait à nouveau. Peut-être était-il vrai, qu'il n'y aurait aucune conséquence à une action aussi stupide, la seule réelle menace étant pour l'instant le Rassemblement mais, ils n'iraient pas s'aventurer dans le fief des Bluthund de toute façon.

Pendant ce monologue interne, les deux qalishi viennent s'asseoir à la table comme demandé, le Khan ourlant le regard de temps à autre sur les mets apportés, eux qui étaient complètement exotiques pour lui. Fort de son éducation quasi non-existante en tant que pillard, Eren s'affale complètement sur la chaise, commençant à dévorer tel le rustre qu'il est, ne manquant pas d'attirer quelques regards faussement neutre de la part de son disciple qui lui, garde les bonnes manières.

- "Vos plats sont succulents Lord, n'en doutez pas. Le Khan ne le dit pas mais il apprécie grandement. La réalisation alors de votre plan serait complètement possible, à condition évidemment que vous fournissiez les mineurs, les pioches et le reste, vous comprenez que ce n'est pas ce qui court à Qalish, les roches à briser."

D'un ton haut et presque formel, Héron prend la parole à la place de son maître, bien trop occupé à apprécier la culture locale. Un calepin est vite sorti de ses habits, le disciple notant de sa main libre quelques courtes phrases sur celui-ci, avant de reprendre, son regard d'or alternant entre les deux dirigeants.

- "Bien évidemment, nous commencerons à étendre notre toile avant que le tunnel ne soit creusé, le commerce est quelque chose qui se développe sur le long terme, autant faire ça le plus tôt possibles, avec notre petite flotte maritime. En un rien de temps, les Bat-le-désert seront partout sans vraiment être là, nous serons prêt à cueillir n'importe quelle révolte avant qu'elle ne soit mûre."

Le menton haut, la poitrine un peu bombé, le petit noble croit religieusement ce qu'il affirme, appliquant sans aucun doute autant de zèle à la mise en œuvre.

- "Maintenant alors que tout est clair, nous aimerions en savoir plus sur ce qui nous attend. Quelles sont les menaces, Lord Bluthund, quels sont les noms à graver dans nos mémoires ?"



Il serait aisé de croire que ses yeux dorés scintilleraient de milles feux mais non. Le regard du jeune noble qalishi est posé, analytique, ressemblant bien plus aux massives dunes du désert qu'au puissant soleil qui frappe le sable. Une présence calme, élusive qui nous fait parfois oublié la présence du jeune homme tant il dérange peu.

Asta étouffait une ricanement devant la scène, ces deux hommes semblaient n'en faire qu'un seul, pour elle qui représentait deux êtres dans un corps de femme, il y avait là tout l'inverse, deux corps pour une seule idée, l'ascension au pouvoir du Khan. Ainsi, celui qui se remplissait la panse c'était les muscles et l'éphèbe n'était autre que les méninges. Le Lord retrouvait des couleurs en réalisant que son attractivité n'était pas en baisse, mais plutôt que celui-ci avec les yeux ailleurs.






La louve ne manquait pas de pragmatisme, et bien que l'offre puisse être alléchante, elle ne semblait montrer aucun respect à son vis-à-vis, le jeune Héron. Elle parlait fermement sans offrir ne serait-ce qu'une concession à ces brigands. Cela semblait évident, les deux individus se trouvaient sur ses terres, et en tant que Seigneur d'une région entière, elle n'avait pas à craindre de quelques brigands lui exigeant des droits, ainsi elle profitait sans vergogne de sa possession de force. Cependant, c'était peut-être bien une porte ouverte pour le Khan, une porte ouverte dans l'unification des brigands à travers le monde, un passage pour construire le plus grand réseau de la pègre de tout Nymlerith, juste sous les pieds d'un monument sacré, quelle ironie !

Après un instant qu'elle offrit à son interlocuteur pour y songer, elle s'extirpa de sa vétuste chaise de taverne, n'ayant point consommé son met sinon pour la forme de l'avoir commandé, puis elle fit un signe pour inviter le Khan à la suivre, prenant par la même occasion le temps de serrer son manteau à fourrure sur ses épaules, sa longue chevelure perle coulait élégamment sur le fil de sa cape, se confondant avec les teintes enneigées de son cuir mat.

Un jeu de regard se lance d'un coup entre Héron et Eren pendant Asta parle en même temps. Le duo reste attentif mais écoute toujours d'une oreille attentive ce qu'elle dit et, dès que le dernier mot est prononcé par la noble les deux hochent la tête d'un commun accord. Le jeune disciple prend une tête quelque peu dépitée, sûrement par la tournure des choses, insatisfait. Qui sait ce que les deux pouvaient se dire sans se le dire, mais ce qui était sûre c'est que le Khan était content qu'elle impose un "non" clair et net sur un point, lui qui allait poussé toujours plus loin pour avoir toujours plus de concessions gratuites si celle-ci n'avait pas amorcé un retour à la réalité pour le Roi Pillard.






Signale-t-il d'un air plus que lassé à son supérieur, retournant à son plat tout de suite après sous le regard confus et surpris d'Eren, qui ne cherchera pas plus. Sans aucun mots, les deux avaient débattus sur qui, où et comment ils allaient creuser le tunnel blasphématoire dans la montagne sacrée. Le point de tension; la main d'œuvre. Ils étaient déjà arrivés à un compromis avant d'arriver qu'ils utiliseraient les hommes d'Halogia mais tout tombe à l'eau. Eren veut utiliser des esclaves car c'est peu chère et qu'ils ne font pas grève tandis que Héron abhorré le concept même de l'esclavagisme, voulant utiliser une main d'œuvre sous contrat pour accomplir le travail. Et il semblerait que c'est Eren qui prévaut dans ce débat.






Ayant préalablement prit le temps de se débarbouiller la face et de goûter à nouveau au nectar local (qui commence peut-être à lui monter à la tête), le guerrier se relève, non sans pousser une expiration tandis que son disciple reste assis, sage, à manger. Ainsi collé à Asta, épaule à épaule, celle de la nordique prenant d'ailleurs une petite tape franche de sa paume, la Première-Homme semblait bien petite et rachitique malgré le fait que celle-ci était sans aucun doute bien bâtie.

Le Khan jette un dernier coup d'œil à Héron avant de suivre la Lord, se demandant bien ce qu'elle aurait à lui montrer. Halogia n'intéressait Eren seulement pour écouler ses marchandises et possiblement en récupérer quelques de ce qu'il considérait comme un "désert glacé", seul le domaine de l'automne l'intéressait vraiment de par sa position et de tout ce qu'elle pourrait apporter de plus.

Elle se leva avec empressement, laissant son assiette à peine touchée si le guerrier avait l'estomac pour la finir. En tête de file, elle exhiba toute sa force de carrure, qui n'avait finalement rien à envier à celle du Khan. Abandonnant son manteau derrière elle, elle dévoila ses bras noircis et couverts de tatouages ainsi que la splendeur de son dos musclé comme le serait une fresque à l'ode du Dieu de la Guerre. Une fois dérobée de la taverne en compagnie de ses deux visiteurs, elle fit un geste d'ouverture de sa main droite pour leur présenter toute la beauté des lieux. Le crépuscule enveloppait maintenant la région, et les feuilles rouges des arbres étincelaient d'une lueur mourante, unique en son genre. L'ombre du Castel Bluthund, perché sur les plus hautes montagnes de la région, se fondait dans la nuit naissante, laissant sa silhouette se détacher contre le ciel étoilé.

Pendant que les deux hommes profitaient de la vue ou vaquaient à leurs occupations, elle salua son fidèle général, Reiner Drustgard. Celui-ci avait préparé trois chevaux pour elle et ses invités, échangeant quelques mots à voix basse avec elle avant de terminer sa brève entrevue en lançant un regard glacial à Eren. À première vue, on aurait pu le prendre pour un homme bestial avec ses cheveux rappelant étrangement les oreilles d'un loup, mais il était évident que ce n'était là qu'une simple coïncidence.






Elle fit quelques tours avec sa monture, qui se distinguait avec prestance des deux autres destriers. Le sien était d'un blanc ivoire, coiffé d'une longue et soyeuse crinière. Elle ne manquait pas de faste, et si la taverne semblait terre-à-terre et chaleureuse, il fallait croire que le Seigneur Bluthund n'était qu'un noble parmi tant d'autres...

Le Jeune Guerrier, en pleine appréciation de la culture locale vu l'assiette bien entamée, se fait soudainement interrompre en pleine dégustation. Bouchebée, il ne fait que suivre du regard pour l'instant la comtesse qui se lève et sort de la taverne sans attendre. Manque de choix, il suivra, observant tout du long les étranges tatouages couvrant le corps de la septentrionale en silence. De tels dessins étaient pu communs en Qalish, même si l'art de se tatouer et peindre la peau était là, ces formes complexes devaient représenter bien plus que simplement de l'art pour de l'art comme chez lui.

Le duo prend le temps d'apprécier l'air frais et le paysage rougeâtre en face d'eux, un mélange si particulier de couleur et de flore qui apporte un vent de nouveauté aux deux. Il était difficile de voyager en dehors du désert, surtout quand on était ni marchand, ni noble. Les deux savaient très bien qu'ils étaient en train de vivre une expérience unique pour des gens de leur espèce, profitant au plus du moment ensemble.

Le tourisme sera coupé court après le regard froid lancé à Eren. Le guerrier reprend une concentration instantanément, donnant en retour au simili homme-bête un regard méprisant en retour de sa froideur. Le premier homme ressemblait ainsi à une pâle imitation de ses guerriers, de quoi donner une mauvaise première interaction avec le général.




Dit-il en ricanant, montant sur le cheval avec aise, tout comme son noble compagnon. Tout deux avaient presque vécus toute leur vie sur des chevaux, ce ne sont pas les destriers d'Halogia qui allaient y changer quelque chose. Les bêtes étaient plus bourrus et petite que celles du désert mais n'en restaient pas moins le même animal auprès duquel l'élite des Bat-le-désert passaient toute leur vie. Malgré "l'offense", les deux suivront à cheval la cheffe et son général.





Un mélange de provocation et de fausse hautaineté se décelait dans sa voix. Il voulait juger le faux homme-bête.