Très rapidement Lord Bluthund, pourtant sur son domaine, se fit ainsi éclipsée par le Général Reiner Drustgard qui trottait en compagnie du Khan le long d'un sentier pour lui répondre. Ce qui était certain, c'est que sa Seigneurerie n'était pas si bonne cavalière qu'elle le prétendait, et qu'elle trainait le pas derrière. Son cheval blanc comme la neige halogienne n'en faisait qu'à sa tête et faisait parfois des demi-tours pour humer l'odeur d'une fleur avant de la mastiquer. Ses complaintes résonnaient derrière le groupe des trois hommes pendant que le loup ténébreux qui pouvait paraître froid de prime abord jaugeait avec plus d'attention le bandit à sa droite.






Reiner lui renvoya la question d'un geste virile du menton, un dialecte d'homme, peut-être si musqué que l'éphèbe derrière ne saurait suivre si il n'avait pas encore du poil au visage.

Une chance d'ailleurs que ces messes basses ne viennent pas aux oreilles du Lord qui souffrait de son incompétence avant de finalement rattraper le groupe d'un habile galop qui avançait au pas. Elle souriait d'un air victorieux décisif comme si rien d'humiliant ne s'était passé, ne mentionnant pas même sa mésaventure avant que Reiner ne la rattrape.






Un air désolé habitait le regard bienveillant du général qui renvoya son attention en direction du Khan pour entendre sa réponse.

Les deux cavaliers étaient ce qu'ils étaient, des naturels avec les chevaux. C'était inconcevable pour eux de voir la fière comtesse devoir se battre ainsi avec son destrier pendant qu'eux se déplaçaient avec flegme, surtout le petit noble Karaman qui gonflait la poitrine et tenait les rênes d'une seul main, la tête haute comme s'il défilait dans les rues de l'Oasis. Eren, pendant ce temps, s'esclaffait complètement. L'alcool lui était peut-être un peu monté à la tête, en plus du bon moment qu'il passait en Halogia. Voir Asta ainsi, en plus de son général qui semblait jaloux de l'homme-bête, c'était le comble total.




Dit-il en ricanant à Reiner, se retenant d'éclater de rire complètement, une main sur sa poitrine et comme Héron, une autre naturellement tenant les rênes. L'affront n'était même pas pris en tant que tel, glissant sur le Khan comme de l'eau sur de l'huile. C'était lui qui avait des gens sous ses commandes, pas le contraire, quoi que ce général puisse penser. Tout en regardant le général et la comtesse par dessus son épaule, il continue;




Il était évident qu'il n'allait pas dire oui, surtout vu le ton moqueur pris. Le premier-homme, aux yeux de l'homme félin n'était rien d'autre qu'un chien de garde. Fidèle à son maître jusqu'à la mort, loyal à l'absurde, il était sûre que si sa maîtresse lui demander de se laisser mourir de faim, il le ferait avec le sourire jusqu'aux lèvres. Ce genre de personne, aussi utile qu'ils pouvaient être utile sous sa houle, n'était pas vraiment le genre de personne que le Khan respectait vraiment, lui qui était un électron libre.





Dit-il d'un ton tout naturel, regardant le concerné de côté pendant qu'il faisait mine de se concentrer sur son interlocutrice à la place, laissant Héron regarder en face de lui, le noble étant toujours dans la même posture qu'avant les railleries de notre protantagoniste.

Ainsi, le Seigneur Bluthund parvint à guider le Khan à travers les sentiers boisés et automnales de sa région, jusqu'à atteindre les hauteurs enneigées des lieux. Là, elle lui offra une rapide topographie de la zone rédigée par son général tandis qu'elle en dictait sommairement les informations, et raccompagna ce dernier jusqu'à la ville portuaire de Vingaard. Ce long voyage prit une à deux semaines dans lesquelles le Lord se lia d'amitié avec le roi des bandit, mais ne manqua pas non plus de remarquer sa propension au conflit. Aussi, elle théorisa à la fin de ce court échange de politique, qu'il n'était peut-être pas l'allié qu'elle espérait, mais qu'il n'en resterait pas moins une connaissance à garder sous la manche.

Elle fit alors le chemin vers le Castel et s'attarda sur l'audience qu'elle allait maintenant proposer à la sorcière des bois de Meridiem, elle lui avait, après tout, promis une rencontre et du bon temps, ce qu'elle comptait bien lui offrir.